Le sens d’une mort

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Sorj Chalandon
Éd. Grasset, 2011
Grand prix du roman de l’Académie Française 2011

Voilà un livre exquis qui m’a prise au dépourvu et dont j’ai savouré le moindre mot. Poignant, il m’a bouleversée, sublime, il m’a confondue de sa beauté inexplicable. C’est sans grande conviction pourtant que je l’avais pris dans les rayons de la médiathèque, parmi les nombreuses nouveautés de la rentrée. L’Irlande, les irlandais, l’IRA et l’histoire contemporaine de l’Irlande forment le décor du livre. Une histoire que tout le monde connaît, me disais-je… Contre toute attente je me trouvai l’estomac noué et le cœur serré dés le début de la narration. Sans compter que je me surpris très vite à constater que je ne savais strictement rien de la complexité de ce contexte, de ce double territoire irlandais.

Sorj Chalandon est journaliste, longtemps prêta-t-il sa plume et sa perspicacité à Libération (grand reporter puis rédacteur en chef adjoint) avant de rejoindre Le Canard enchaîné. Et il a en effet couvert l’Irlande du Nord, ou le procès Klaus Barbie, reportages autour desquelles il s’est fait connaître par le grand public. Mais je note ici qu’au cœur même du journaliste se trouve un écrivain, doté d’un souffle étonnant… Avec talent, il nous embrume de douces pluies irlandaises, qui ne feront que nous glacer le sang tendrement et nous laisser interdits devant l’âme libre de l’Irlandais et son naturel combatif.

Le jeune Tyrone, né en Irlande du Sud, ira s’installer dans le Nord, aux côtés de sa mère et ses huit frères et sœurs après le décès du père. Et ils apprendront la vie, à Belfast, en tant qu’Irlandais et catholique ; deux qualités qui, conjuguées, seraient peu ou prou synonyme de membre de l’IRA. Nous sommes plongés ainsi dans l’histoire d’une souffrance et d’une résistance infinies et sans fin. C’est une histoire de l’Homme, de l’homme qui vit par et pour son combat, de l’homme qui meurt parce que sa Vérité meurt ; qui meurt et continue de vivre malgré tout. C’est l’histoire de l’homme admiré et aimé, et puis c’est l’histoire du traître.

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