La Maison où je suis mort, de Keigo Higashino

Un polar qui se lit d’une traite, c’est formidable, mais quand il n’y a pas d’action narrée c’est encore plus extraordinaire ! L’intrigue se déroule dans une maison, et les deux personnes qui s’y trouvent sont les seuls personnages du livre… Seulement voilà, la maison et l’esprit de nos protagonistes sont hantés par les morts qui les habitent depuis bien longtemps. Si ce roman était adapté au cinéma il aurait probablement une saveur d’épouvante. J’avoue d’ailleurs que j’ai traversé une bonne cinquantaine de pages du livre le sang glacé face au film d’horreur que mon imaginaire faisait défiler sur les murs de ma maison !!! En réalité le livre est une grande réussite littéraire et dans ma bibliothèque je le rangerais bien avec les livres de psychologie et sciences humaines. En résolvant l’énigme du récit nous explorons nos propres énigmes. Délivrés lors du dénouement nous sommes aussi bien libérés que sous le choc de la libération. Eh oui, Keigo Higashino mérite largement le Prix Polar International de Cognac remporté avec ce livre en 2010. De mon côté je vous le recommande sans hésiter.

Jacek YerkaMais de quoi s’agit-il au juste ?! Un jeune homme croise sa petite amie du temps de leurs études. Mariée et mère d’une petite fille elle semble pourtant tracassée par quelque chose. Sayaka, la jeune femme en question, contacte son ancien ami pour lui demander de l’aide. Elle souhaite retrouver la mémoire, et la vérité sur son enfance. Depuis son entrée aux classes primaires elle a été amnésique sur cette partie de sa vie. Ensemble ils vont se rendre dans une maison où le père de Sayaka semblait se rendre en cachette régulièrement du temps où il était en vie. Cette maison hantée renferme bien des secrets qui vont permettre à nos jeunes détectives de remonter le fil d’ l’histoire passée et découvrir la vraie identité de Sayaka.

OLYMPUS DIGITAL CAMERABien des sujets sensibles sont traités dans ce livre, dont la maltraitance des enfants par leurs parents, le suicide, les rapports destructeurs père-fils, les instincts de meurtre, de suicide… Eh oui, ces thèmes bien sombres sont auscultés avec détachement, neutralité et objectivité par l’auteur sans jamais heurter le lecteur, ni jamais le forcer à fuir. Nous nous délectons d’une lecture saine qui parle de la vie et de ses travers dramatiques.

Plus universel que son dernier livre traduit en français « La Fleur de l’Illusion » qui mettait en scène davantage la mentalité et le mode de vivre japonais, « La Maison où je suis mort autrefois » est un écrit intemporel qui n’aura probablement pas pris une ride dans cinquante ans ou dans deux siècles. Si tant est que l’humanité, elle, reste intacte d’ici là !

 

 

LA MAISON OU JE SUIS MORT AUTREFOIS
Keigo Higashino
Traduit du japonais par Yutaka Makino
Prix Polar International de Cognac, 2010
Ed. Actes Sud, 2010 (v.o 1994)

Les oeuvres d’art présentées sont de :
– Jacek Yerka,
– Kim Hyunsoo

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