Adabana, de Non

« Quels lourds secrets Mako et Mizuki partageaient-elle ? »

Adabana, œuvre en trois tomes de la mangaka Non, est paru chez l'éditeur Kana dans sa collection Big. La dessinatrice était, jusqu'alors, encore inédite en France malgré sa dizaine d'années de carrière.
Dans ce premier volume plus que prometteur, nous découvrons Mizuki Aikawa, une lycéenne qui s'est rendue à la police pour avouer le meurtre de sa seule amie, Mako, après que la main de cette dernière ait été retrouvée. Arrivant avec un couteau qu'elle présente comme étant l'arme du crime, et connaissant l'endroit où la police va découvrir le corps, tout semble accuser Mizuki.
Tout d'abord, et comme annoncé d'emblée sur la couverture, ce manga est à réserver à un public averti. Outre le meurtre de Mako, de nombreux sujets très sombres sont développés dans ces pages, autant être prévenus ! Les images peuvent être crues et le récit très dur, mais tout a sa place et un sens bien précis dans le développement de l'histoire, où il est notamment question de la façon dont nous combattons les traumatismes.

Comme les avocats de Mizuki, nous allons tenter de décortiquer le vrai du faux, comprendre ce qui a basculé dans la vie de ces jeunes filles si fusionnelles, et surtout ce qu'il s'est réellement passé car tout ne semble pas aussi simple que tente de le faire croire Mizuki. Nous passons du présent - des scènes d'interrogatoire et d 'entretien avec ses avocats - à des flashbacks racontant les derniers instants de Mako.
Le style est puissant, les dessins sont d'une très grande beauté (les premières pages en couleur sont absolument magnifiques) et d'une finesse nécessaire au traitement si difficile des sujets évoqués (harcèlement, viol, meurtres …).
L'ambiance donnée par Non - une petite ville sous la neige - ainsi que le caractère pesant, voire dangereux, de certains personnages parvient à totalement immerger le lecteur.  Il faudra attendre la suite pour en savoir plus, car les questions sont nombreuses ; Mizuki donne des indications précises lors de ses interrogatoires, mais des élèments ne semblent pas coller. Pourquoi refuse-t-elle l'aide de ses avocats ? Quels autres secrets partageaient ces deux adolescentes si différentes et pourtant si proches l'une de l'autre ? Mizuki semblait vivre pour son amie,

Adabana nous rend spectateur de l'enquête, chaque élément semble important pour venir à bout de ce mystère, cerné par de nombreuses parts d'ombre et de perversion. J'ai hâte de lire la suite, à paraître courant du mois de juillet.

ADABANA
Non, sur une idée originale de Dai Tezuka
Traduction : Sophie Lucas
éd. Kana, 2022
Parution du tome 2 : le 1er juillet 2022

La photographie en tête de l'article est d'© Amalia Luciani pour Kimamori.

Cet article a été conçu et rédigé par Amalia Luciani.

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