Afin que j’y chemine

Personne ne m’a dit qui j’étais, moi, et moi
Je n’ai interrogé personne.
Je me suis vu vivant sous un immense ciel
Et j’ai ressenti une loi.

Et l’informe nature, en terre et fleuve et mer
Toujours se dédoublant,
M’a donné un indice, à l’instar d’une route
Afin que j’y chemine.

Mais le chemin était pour l’être que je suis,
Et n’avait qu’une fin :
Savoir que le chemin sur lequel je m’en vais
Se trouve au fond de moi.

« Pour un Cancioneiro », Fernando Pessoa
(La Pléiade, Gallimard)

Tableau de Mary Lou Zelazny

Leave a Comment