« Anastasia regarda son portable. Aucun message de Mathias. Mais deux messages de ses sœurs. Ina lui demandait si elle avait eu des nouvelles de leur mère, elle écrivait qu'elle commençait à s'inquiéter, elle ne répondait pas au téléphone depuis plusieurs jours. Evelyn, elle, envoyait un message disant qu'Ina voulait apparemment les emmener dans un musée de l'eau avec Hectore (Anastasia ne savait pas pourquoi elle appelait Hector "Hectore"). »
Le roman trace plusieurs décennies de la vie de Ina, Evelyn et Anastasia, trois sœurs bien différentes les unes des autres, plus romanesques les unes que les autres, et toujours soudées dans les moments critiques. Mais un quatrième personnage donne le ton, lève les mystères et distille humour et sensibilité au cœur de cette épopée, un certain Jonas, alter-ego de l'auteur, qui croise régulièrement le chemin de cette sororité foutraque.
Qu'est-ce qu'une vie ? Qu'est-ce qu'une malédiction ? Nous répondons tous à nos actes passés même lorsque nous les avons profondément enfouis dans nos besaces invisibles. Mais ces actes passés ne relèvent-ils pas de notre humanité, faillible et charmante.
Lecture délicieuse, vivante et enjouée, Les Sœurs continue de construire l'édifice de l'œuvre littéraire de Jonas Hassen Khemiri, et pour notre plus grand bonheur la traduction française est formidable.
LES SOEURS
(Systrarna)
Jonas Hassen Khemiri
Traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy
éd. Actes Sud, 2025
Sortie en librairie le 4 septembre
Cet article a été conçu et rédigé par Yassi Nasseri, fondatrice de Kimamori.