« - En Algérie, si tu ne connais personne, tu n'es rien. La clé du succès, c'est les con-nnai-ssances ! Il faut toujours connaître quelqu'un, qui connaît quelqu'un, qui connaît quelqu'un d'autre qui, lui, en connaît un qui... Et ainsi de suite ! (...) »
Samir Toumi est un écrivain algérien, par ailleurs entrepreneur. Il vit à Alger et a déjà publié un récit et un premier roman. Amin est son deuxième roman porté conjointement par les merveilleuses maisons d'édition Barzakh et Elyzad. Le roman est tour à tour drôle, surprenant ou inquiétant dans ce qu'il esquisse. Une galerie de personnages hauts en couleur envoûtent le lecteur. Le comique de situation donne une tonalité théâtrale à l'ensemble. Mais ne nous y trompons pas, c'est un système politique et économique qui est ici mis en scène : le livre croque l'âme humaine dans son fonctionnement absurde depuis que le monde est le monde.
Le narrateur, Djamel B. est écrivain. Auteur reconnu, il est invité partout et fréquente les soirées de grande mondanité. Le roman s'ouvre sur une soirée du Nouvel An célébrée chez un millionnaire fêtard. Djamel rencontre ce soir-là un certain Amin. Personnage secret au parcours obscur, cet homme lui dit qu'il va l'introduire dans les arcanes du système, le faire rencontrer les acteurs du monde économique. En échange il souhaite que Djamel écrive un roman, s'inspirant des personnalités et circuits de décision qu'il aura ainsi appréhendés. Notre Djamel, en panne de sujet pour un nouveau roman, et fondamentalement curieux de tout, se prêtera au jeu. À ses côtés le lecteur va côtoyer les uns et les autres, vivre des situations rocambolesques. Mais l'aventure pourrait s'avérer dangereuse au point d'engloutir l'auteur naïf.
La trame du roman est simple, sa structure limpide. Nous suivons le parcours de Djamel chronologiquement et chaque chapitre nous entraîne plus avant dans les rouages du systèmes. Les personnalités rencontrées sont parfois émouvantes, souvent étonnantes, et toujours porteuses d'une histoire qui vaudrait en elle-même un roman. Mais rien n'est simple, rien n'est fixe et tout semble à deux doigts de basculer. La pérennité d'un monde fondé sur des briques mouvantes et instables nous sautera aux yeux à la toute fin du roman, et nous laissera ébahis, ou philosophes.
AMIN
Samir Toumi
éd. Barzakh et Elyzad, 2025
Cet article a été conçu et rédigé par Yassi Nasseri, fondatrice de Kimamori.


