La mère des palmiers, de Nasim Marashi

« - Il était une fois une montagne, de ces montagnes hautes, si hautes. La montagne avait un enfant... J'ai oublié son nom, papa.
- La montagne s'appelait Azra. C'était une montagne qui était si grande qu'elle touchait le ciel. Et sa fille s'appelait Afra. »

Après L'Automne est la dernière saison l'autrice iranienne Nasim Marashi nous revient avec un deuxième roman poétique et sensible. La mère des palmiers offre au lecteur de plonger dans un contexte historique et une région peu connue. Avec finesse et subtilité elle nous invite à saisir les tourments d'une guerre passée et bien-sûr l'universalité du propos se révèlera dans les réflexions qui jailliront dans l'esprit du lecteur arrivé au terme de l'aventure narrée.

L'histoire se déroule en Iran, dans une région frontalière de l'Irak. La ville natale de Rassoul et de sa femme Naval a été rasée, réduite à néant durant la guerre Iran-Irak. Le roman s'ouvre à un moment de leur vie où Naval ne vit plus avec son mari et ses enfants. Il semblerait qu'elle se soit réfugiée dans un village entouré de marais, dans une île réputée autrefois pour ses palmiers. Là-bas elle serait entourée de femmes célibataires, jeunes et moins jeunes. Rassoul s'embarque avec leur jeune fils Mahziar pour rejoindre ce lieu et tenter de ramener sa femme à la maison.

Le récit est épique, en ce sens qu'il pourrait relever d'un conte tout droit sorti de ces écrits anciens tout en poèmes et symbolismes. La structure du roman, elle, est très actuelle. Le lecteur côtoie cette famille à différents moments de leur histoire : au cœur des bombardements, avant, après. On apprend à connaître les membres de la famille. Ce père qui travaille dans les entreprises pétrolières, qui a un bel avenir tracé devant lui. Son épouse dévouée, désireuse de lui offrir le meilleur. Et puis le drame. Et ensuite les dégâts lentement survenus, tel un cancer qui se propage. Arrivé à l'instant fatidique de la rencontre de Rassoul avec sa femme dans l'île aux palmiers, le lecteur connaît déjà l'issue mais ne s'attend pas à la beauté de la scène que lui réserve l'écrivaine Nasim Marashi.

L'histoire humaine est-elle du côté de celui qui se projette vers l'avenir en faisant abstraction du passé ou de celle qui ne peut abandonner sa mémoire, oublier et faire table rase des vécus antérieurs, aussi malheureux et désolants qu'ils fussent. La mère des palmiers réussit l'exploit de nous ravir par sa poésie et nous éclairer sur un fait historique dramatique sans jamais nous accabler.
Saluons aussi la traductrice qui a su rendre la douceur et l'harmonie de la version originale en français.

Vous pourrez suivre un entretien mené avec l'autrice dans les podcasts de l'éditeur en cliquant ici.

LA MÈRE DES PALMIERS
Nasim Marashi
Traduit du persan (Iran) par Julie Duvigneau

éd. Zulma, 2025 (v.o. 2017)

Cet article a été conçu et rédigé par Yassi Nasseri, fondatrice de Kimamori.

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