« Under, 2018 » de Hale Tenger

J'ai envie de vous parler d'une installation artistique. Je sais que vous n'allez pas prendre un billet d'avion et venir à Dubaï pour la voir. Et ce n'est pas nécessaire de le faire. Mais puisque que j'ai vu, vécu, expérimenté cette installation, c'est nécessaire que je vous en parle. Je suis certaine que l'idée n'est pas neuve. Je suis certaine que l'on peut réaliser une installation de plus grande envergure et portée... Mais la question n'est pas là. La question est le sujet. Ce sujet que l'artiste a eu à coeur de souligner.

L'installation se nomme "Under, 2018" (Sous, 2018).

Autrefois on concevait des volières où un filet était fixé à une certaine hauteur. Les oiseaux ne pouvaient s'envoler au-delà de cette hauteur. Après un certain temps le filet était enlevé. Mais les oiseaux, eux, étaient conditionnés : ils ne volaient plus au-delà de la hauteur qui leur avait été prescrite jusque là.

Voilà la source d'inspiration de l'artiste. Son installation consiste en cela : un bloc dans lequel on entre, où un filet est installé. Notons que ce petit bloc est conçu et construit dans les mêmes matériaux, couleurs, architecture, que les hangars et bâtiments autour, qui existent de longue date. Hormis l'entrée, il n'y a pas d'autres ouvertures, de fenêtres. Un filet est installé dedans, et un arbre se trouve au centre de la petite baraque. L'arbre sort la tête de la baraque, prend la lumière du dehors. Et nous, qui entrons là ne voyons que cela. Des haut-parleurs sont intégrés aux quatre murs. Et il en sort des chants d'oiseaux, des mots de quelqu'un qui parle.

Il faisait très chaud dehors. Je suis entrée dans la petite baraque. Être à l'ombre, c'était agréable. J'ai regardé la chose. Je n'ai pas été impressionnée, ni stupéfaite. Je n'ai rien ressenti de spécial ni d'extraordinaire. Les haut-parleurs m'ont enchantée par tant de chants d'oiseaux, et puis m'ont dérangée. Je n'avais pas envie de rester là-dedans. J'ai fait quelques photos. Je suis sortie. Je suis partie.

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Mais voilà. Je suis sortie. Je suis partie. Or les oiseaux, eux, y restaient dans cette chose. Et qui sont les oiseaux dans ce cas précis ? Quel est le conditionnement en question qui "apprivoise" en 2018 ? J'ai noté les questions que l'artiste, à l'origine de cette oeuvre, pose :

  • "Comment nous sommes-nous adaptés au conditions de notre époque ?"
  • "Si les oiseaux peuvent oublier de voler dans le ciel, de notre côté, nous, les humains, qu'avons-nous oublié ?"

Voilà, c'est tout. J'ai eu à coeur de partager cela avec vous. Parce que je m'interroge sur le sens de cette installation. Et en même temps sa signification est si claire.

C'est une artiste turque, basée à Istanbul qui a conçu et créé cette oeuvre (exposée de mars à juin 2018). Elle s'appelle Hale Tenger. Le conservateur est Mari Spirito. Voici une vidéo pour mieux visualiser l'installation Under, 2018 :

Cette installation se trouve dans un quartier de Dubaï constitué de galeries. Un peu au milieu de nulle part, on trouve cette simili zone industrielle. Ces hangars ont été réaménagés par des galeristes. Le quartier s'appelle Alserkal avenue. C'est un bonheur de s'y promener, de rencontrer les galeristes, d'y découvrir les merveilleux artistes exposés.

Cet article a été conçu et rédigé par Yassi Nasseri, fondatrice de Kimamori.

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