La vie est un patckwork

tinkersLES FOUDROYÉS
(tinkers)
Paul Harding
Éd. Le Cherche-Midi, 2011
Traduit de l’anglais par Pierre Demarty
Prix Pulitzer 2011

Ce livre a une histoire. Il commence par être un manuscrit rejeté de tous les éditeurs américains. On lui reproche son rythme lent, on explique à l’écrivain que personne ne s’intéresse de nos jours à un livre calme, méditatif, contemplatif et dénué de tout suspens. Trois ans après les premières tentatives de publication du manuscrit, un petit éditeur s’éprendra du récit et le fera porter aux yeux du public. Et ce sera ce premier roman, qui contre toute attente emportera le Prix Pulitzer de l’année, 2011 ! (le plus prestigieux prix littéraire américain). L’ai lu en anglais et ne puis donc commenter la qualité de la traduction française, néanmoins, le nom « Les foudroyés » me paraît créatif. Un « Tinker » (titre original) est un bricoleur, un homme qui répare de tout et de rien. Un itinérant aussi, qui autrefois faisait des rondes pour vendre les outils de bricolage et le bric-à-brac. De nos jours le mot peut être employé parfois avec un accent péjoratif, pour qualifier un être mal vêtu, rapprochant ainsi le « tinker » d’un gitan, d’un être dépravé peut-être… Les boîtes métalliques (comme les boites de conserve) font « tink tink » comme bruit en anglais. Voyez-vous, le nom original, me semble bien correspondre au livre, me semble se faire un honnête porte-parole de la saveur de cet écrit. Un livre de rien du tout, un livre de petites choses et de petites gens. Un livre de « petites » histoires, bricolées de-ci de-là. « Que faites-vous dans la vie ? », « Je bricole ». Voilà qui sont les hommes et les femmes de ce livre. Et ces bricoleurs de la vie contemplent la nature, sont horlogers, ouvrier-manutentionnaires, vendeurs de bricoles et parfois au passage prêtre qui bascule dans la folie, dont le fils est régulièrement emporté dans les affres sanglants de l’épilepsie et dont le petit-fils est ici sur son lit de mort, entouré de sa famille épouse sœur enfants petits-enfants. Tout nous est conté durant cette dernière huitaine de George Washington Crosby, semi-rendu dans l’autre monde, mais encore un peu ici et qui se remémore les mille histoires anodines qui enchantent le lecteur. Doucereusement ravie fus-je de ce patchwork où l’écrivain dit si bien le bonheur trouvé dans la simplicité la plus triviale. Alors, si le lent, l’insignifiant, le sans objet parfois cruel parfois simplet mais jamais sans intérêt peut vous être agréable, ma foi, je vous conseille cette lecture…

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