Le promeneur d’oiseau, de Philippe Muyl

Dialogue entre les générations

Je vous parle en général de films qui viennent de sortir au cinéma. Mais tout comme pour les livres, un beau film peut se regarder à tout moment, et avec grand plaisir, encore des années après sa sortie. C'est le cas de « Le promeneur d'oiseau » qu'une amie m'avait conseillé il y a quelque temps. Je l'ai vu hier soir et me précipite vers ma plume électronique pour vous en parler ! La douceur et les beaux paysages nous donnent rendez-vous dans ce film pour nous parler de tout ce qui est intemporel et universel : une promesse à tenir, la loyauté envers soi-même, l'écoute de l'autre, la sagesse issue deschoses simples. Mais pour donner de l'étoffe à cet intemporel le réalisateur emploie le contraste. Face à la vie simple et traditionnelle il nous plonge dans la vie très contemporaine, très exigeante et confortable, dotée de technologie et carburant à un rythme souvent inhumain, dans les zones urbaines ultra modernes...

Une jeune fille à peine adolescente vit à Pékin avec ses parents. Le père est un grand architecte, reconnu et très demandé, la mère est une femme d'affaires avec des responsabilités à l'international. Tous trois sont beaux, actifs, et efficaces. Mais ils se voient peu, ils communiquent difficilement. Le grand-père de cette petite fille vit seul à Pékin et décide un beau jour de retourner dans son village natal, avec son oiseau de compagnie, pour tenir une promesse faite voici bien longtemps à son feu épouse bien-aimée. La petite fille se retrouve à accompagner le grand-père dans son périple durant sa semaine de vacances, contre son gré, et de façon imprévue. Ce chemin qu'ils vont faire ensemble les rapprocheront progressivement. La petite fille souffre au départ des déconvenues imposées à elle mais apprend vite à regarder autour d'elle, et accueillir l'inconnu qui se présente.

Vous pensez que je vous ai tout dit ? Eh bien non car avec ce film nous sommes au cinéma. Voir le film est plus ample que connaître l'histoire présentée dans la bande annonce. Nous sommes dans le domaine de l'humain, et vivre ces moments simples vécus aux côtés de ce grand-père, de cette petite fille, des habitants de villages qu'ils traversent ; voir cette nature sublime et effrayante dans ses dimensions... tout cela est dans le film et non simplement dans l'histoire relatée. Nous sommes en Chine dans ce film mais en réalité nous pourrions être n'importe où ailleurs. C'est beau, et c'est tendre. Les dialogues sont brefs mais riches et délicieux. L'humanité et l'essentiel sont parfaitement mis en scène.

     

     

Je vous disais que ce film aurait pu se dérouler dans n'importe quel pays, autre que la Chine. Eh bien, justement, le réalisateur et scénariste est français ; le film lui-même est tant chinois que français ! Philippe Muyl qui s'est investi de longues années en entreprise, dans les métiers de la publicité et du design, il a crée et géré sa propre entreprise, avant de devenir un jour réalisateur. Nous l'avons connu avec Cuisine et dépendances en France (avec Jean-Louis Bacri et Agnès Jaoui). Ce film-ci est à mille lieues de Cuisine et dépendances, et pourtant... On est bien au cœur des questions qui touchent à la famille ici, et qui touchent à la communication. Peut-on tracer un trait d'union entre des personnes de générations différentes, entre des personnes qui se sont éloignées les unes des autres, entre des êtres humains qui n'ont pas les mêmes conditions de vie ? L'humanité passe par la possibilité de ces traits d'union. L'art en général, et ce film en particulier nous parlent de cet essentiel simplissime si compliqué à réaliser !

Je ne pourrais reprocher qu'une seule chose à ce film : la beauté des images ! C'est beau, si beau, comme des cartes postales qui se relaieraient sur l'écran. Les sentiments sont beaux. Le Happy End est aimable. Rien n'est moche ni méchant, et d'ailleurs j'ai versé une larme vers la fin du film. Mais c'est peut-être cela qui est la grande réussite de ce film. On le regarde du début à la fin, on est plongé dedans, et rien n'est niais, tout est crédible. C'est fluide et juste. Et même si je ne suis pas sûre que ce film nous apprenne réellement quelque chose des préoccupations spécifiques et actuelles des chinois, qui nous seraient insoupçonnées, je vous invite à regarder ce film. « Le promeneur d'oiseau » trouve sa place dans nos cœurs et c'est déjà beaucoup.

LE PROMENEUR D'OISEAU
Réalisateur et scénariste : Philippe Muyl
Compositeur : Armand Amar
Directeur de la photographie : Ming Sun
Chef montage : Kako Kelber, Manu de Sousa
Casting : Baotian Li, Yang Xin Yi, Li Xiao Ran, Hao Qin
Date de sortie : mai 2014
Film français et chinois

Cet article a été conçu et rédigé par Yassi Nasseri, fondatrice de Kimamori.

Comments

  1. Un film que j’ai adiré et garde précieusement dans ma vidéothèque…..
    A voir en VO

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