Aux Elfes de sauver le monde…

La vie des elfesCe livre s’appelle « La Vie des Elfes ». C’est un livre en réalité écrit par une Elfe, et écrit pour des Elfes. Il s’adresse aux elfes cachés que nous avons tous en nous et qui savent lire une idée, une pensée, un message dans la musique qui se dégage d’une phrase, dans les lignes écrites entre les lignes. Nous connaissons tous cet écrivain, Muriel Barbery, pour avoir lu son « L’élégance du Hérisson » qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires et qui a été traduit dans plus de trente quatre langues. Mais « La vie des elfes » a été très mal traité par les critiques et la presse. Les critiques littéraires l’ont dénigré, l’ont descendu serais-je tentée de dire. Et pourtant, quel beau livre… Je n’ai pas été étonnée d’entendre Muriel Barbery dire que c’est son séjour au Japon qui a teinté ce livre en profondeur. Car quelle finesse, quelle discrétion, et surtout quelle poésie traversent cet écrit. L’écriture est belle, une symphonie magistrale, travaillée et candide à la fois. Et le message véhiculé par ce livre n’est visible et lisible que par ceux qui aiment avant tout la poésie de la vie, la magie de chaque instant vécu, au-delà des réalités visibles et tangibles, par delà les valeurs de notre société actuelle…

Nathalie Sarraute disait :

Toute écriture même romanesque devrait être une écriture poétique, c’est à dire qu’elle devrait être primordiale. Le rôle de l’écriture devrait passer avant tout, ce serait le rôle dominant, ce serait le rôle du langage. Le langage doit dominer si on veut vraiment que ce soit une oeuvre littéraire digne de ce nom ; tandis que dans le roman habituel, dans le roman qui est à mon avis hors la littérature, le langage est transparent. On traverse le langage pour voir ce que ça signifie, ce que ça veut dire, et le langage lui-même on ne le voit pas. Il faut qu’on voit à quoi le langage se rapporte mais il faut aussi que le langage par lui-même donne une sorte de plaisir, le plaisir que j’en tire moi-même en écrivant. Si le lecteur n’a pas ce plaisir qui lui vient de la forme, de l’écriture, de la sonorité etc, eh ben ce n’est plus du langage poétique, c’est de la prose plate.

Takeuchi Seiho2Si l’on se sent d’accord avec cela, alors on se délectera de la lecture de ce livre. Mais venons-en à l’histoire contée dans ce livre. C’est une histoire tant simple que fantastique. Nous avons deux « héroïnes » qui sont deux petites filles, l’une vivant dans un village reculé en Bourgogne, et l’autre dans les Abruzzes en Italie, puis à Rome. L’une et l’autre se révèlent avoir des dons particuliers comme par exemple celui d’entendre la parole des animaux et des éléments de la nature ou encore celui de savoir jouer des partitions de musique complexes sans avoir jamais eu d’enseignement pour ce faire. Au fil des pages le lecteur décrypte l’énigme qui entoure la naissance et la nature de ces deux petites filles. Parallèlement à cela les membres du haut conseil des elfes se découvrent à nous et nous apprenons alors l’enjeu de leur existence cachée. L’humanité sera amenée à disparaître dans un combat que les forces de l’ombre vont lui livrer. Seules Maria et Clara, nos deux protagonistes enchantées sauraient sauver le monde. Mais pour cela il faut qu’elles parviennent à maîtriser et réunir leurs forces mystérieuses…

C’est un livre fantastique, oui, mais sa parole est simple, et de fait très actuelle !

LA VIE DES ELFES
Muriel Barbery
Éditions Gallimard, 2015

Peinture de Takeuchi Seiho
Mots de Nathalie Sarraute entendus dans l’émission radiophonique Hors Champ du 02.12.2015

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