Leçons pour un jeune fauve, de Michela Murgia

J’ai été bien surprise par cette dernière parution de l’écrivaine sarde Michela Murgia. Autant vous dire qu’il ne ressemble en rien à ses romans précédents si ce n’est qu’il est aussi réussi que les autres ! Nous sortons ici des petits villages sardes côtoyés dans Accabadora et La Guerre des Saints. Tout comme la narratrice nous quittons le passé traditionnel pour rentrer ici dans un mode de vie plus moderne, et très actuel. Le récit traite de la manipulation. Avec intelligence, avec délicatesse Michela Murgia nous permet de regarder l’homme, la femme, dans leur réalité. Sans rien diaboliser, sans rien négliger elle nous emporte dans une quête autre : comment parvenir à s’aimer soi-même…

Eleonora est une artiste mondaine, maîtrisant l’art de plaire et maniant parfaitement la joute verbale. Elle décide de prendre pour élève un jeune violoniste de dix-huit ans chez qui elle détecte l’ambition qui sourdait en elle-même à cet âge-là. Transmettre ce chemin de vie n’est pas sans risques car elle-même peut très bien s’y perdre comme cela lui était arrivé huit ans auparavant.

Nous accompagnons Eleonora durant les mois où elle va s’occuper du jeune Chirù et progressivement nous apprenons à la connaître, elle et son histoire.

 

 

La craindre, l’admirer, la prendre en pitié ou avoir peur de la voir s’abîmer… l’écrivain nous laisse dans toutes ces postures avant d’ouvrir une autre voie possible et clore le roman à bien des lieues de là où on l’attendait !

J’ai aimé ce livre parce qu’il est d’une grande finesse, d’une conscience hors norme et que malgré tout il invite la douceur en son sein. Les dialogues, les pensées qui s’y meuvent, les situations peintes sont intelligentes et toujours justes. Michela Murgia se révèle à nous autrement dans ce récit, et nous ne l’en apprécierons que davantage…

LEÇONS POUR UN JEUNE FAUVE
(Chirù)
Michela Murgia
Traduit de l’italien par Nathalie Bauer
Ed. du Seuil 2017 (v.o. 2015)

Les illustrations présentées sont :
– Affiche art-déco tango mondain,
– Henri Manguin, Matins à Cavalière

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