Du bruit dans la nuit, de Linwood Barclay

Au mois d'avril, les éditions Belfond Noir ont publié le dix-septième roman traduit en français de Linwood Barclay, Un bruit dans la nuit. L'auteur, déjà connu notamment pour Les voisins d'à côté, ou encore Contre toute attente (adapté en série télé par France 3, sous le titre L'accident), présente cette fois un thriller addictif, malgré quelques irrégularités.

Le roman s'ouvre avec Paul, un professeur d'université. Un soir, alors qu'il rentre chez lui en voiture, il aperçoit Kenneth, un collègue, qui conduit de manière étrange. En voiture, il s'arrête, repart, regarde autour de lui, avant de jeter quelque chose dans une benne à ordures. Pensant que son ami a un problème, Paul le suit et se met à côté de lui au bord de la route. C'est là, dans le coffre de Kenneth, qu'il fait une découverte macabre. Deux femmes, des collègues, atrocement assassinées reposent dans l'habitacle. Avant même qu'il puisse réagir, Kenneth lui assène un violent coup de pelle sur la tête.
Après cette scène, l'histoire fait un bond dans le temps. Nous voilà huit mois plus tard, et Paul a du mal à se remettre de son agression, autant physiquement que mentalement. Par chance, un policier avait remarqué un phare défectueux sur la voiture de Kenneth, et l'avait suivi afin de lui en faire part. Paul a donc été secouru, et Kenneth envoyé en prison.

«Je sais que je n'en ai plus pour longtemps, qu'un soir je vais boire jusqu'à en crever, ou que je vais oublier quelque chose sur le feu et incendier cette baraque ou que je vais sortir le flingue que je garde dans ma commode et me faire sauter le caisson, un scénario que j'envisage tous les jours, sans exception".

Traumatisé, Paul ne parvient pas à comprendre comment il a pu passer à côté de la vraie personnalité de son ami. Les évènements le hantent, et l'empêchent pour l'instant de retourner à l'université. Il faut dire que Paul a de nombreuses absences, il oublie ce que sa femme lui a dit une heure avant, ne se souvient plus comment il est rentré chez lui … Sa psychiatre lui est d'une grande aide, mais Paul semble s'enfoncer chaque jour un peu plus.
Le professeur décide alors d'essayer de poser des mots sur ce qui lui est arrivé. Il veut écrire son histoire, rencontrer les maris endeuillés des victimes, et la femme de Kenneth, avant de se confronter à son ami emprisonné afin d'humaniser celui qu'il considère comme le mal absolu. Pour l'aider et le motiver dans son projet, Charlotte, son épouse, lui offre une vieille machine à écrire. Seulement voilà, Paul commence à entendre des bruits étranges la nuit ; les touches de la machine, cognent visiblement sans le moindre contact d'une main humaine, s'actionnent toutes seules. Tac-tac-tac.

Là où l'histoire devient glaçante, comme si cela ne l'était déjà pas assez pour Paul, c'est qu'avant de les assassiner, Kenneth avait fait taper à ses deux victimes des lettres d'excuses sur une machine à écrire qui n'a jamais été retrouvée. Et si c'était celle-là et que les deux femmes tentaient d'entrer en communication avec Paul ? Au bord de la folie, ce dernier envisage toutes les possibilités, y compris l'hypothèse qu'il perd complètement la tête.

Voilà le pitch de départ, sans vouloir trop en raconter. On se met à envisager toutes sortes de solutions que Paul pourrait mettre en place pour essayer de comprendre ce qui lui arrive. Certaines choses peuvent sembler illogiques, mais je pense que ce n'est pas vraiment un problème : la peur, l'état de nervosité et le traumatisme de Paul le rendent fragile et vulnérable, donc tout cela fonctionne et reste plausible. J'ai en revanche trouvé que beaucoup d'éléments restaient très prévisibles, ce qui est heureusement contrebalancé avec un twist vers la fin du roman qui m'a beaucoup surprise. Une dernière révélation vient clôturer le roman, précisément ce qu'il fallait pour ne pas nous laisser sur notre faim. Un bruit dans la nuit se lit très vite et nous offre ce que l'on recherche : vous pousser à ne pas le lâcher jusqu'à la fin, que ce soit le meilleur roman de l'auteur ou non.

DU BRUIT DANS LA NUIT
Linwood Barclay
Traduit de l'anglais (Canada) par Renaud Morin
éd. Belfond noir, 2021

Amalia Luciani

Historienne de formation elle est enseignante, photographe et nouvelliste. Elle a été journaliste en freelance.
Responsable de la rubrique Littérature de l'Imaginaire, elle gère le compte et les communications Instagram. Elle est également l'experte polar de Kimamori.

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