Sin City se revêt d’un parfum Argentin

L'Argent brûléL’Argentine était l’invitée du Salon du Livre de Paris cette année. Hormis Julio Cortázar et Jorge Luis Borges, nous connaissons bien peu les écrivains argentins malgré qu’ils soient assez bien représentés dans les traductions françaises. « L’argent brûlé » fait partie de ces livres surprenants où l’on ne sait si ce n’est davantage une culture du monde moderne que celle de l’Argentine qui prend la parole pour nous emporter dans un ailleurs surréaliste.

À la lecture de ce livre je me suis demandée si je n’étais pas en train de visionner le film Sin City ou parcourir des « comic strips » en noir et blanc !

Les illustrations des personnages et les croquis des décors sont si tranchés, si fantastiques que l’on a du mal à croire que l’histoire est tirée d’un fait réel s’étant effectivement produit à Buenos Aires. Sin CityLes amateurs d’enquêtes policières, de déroulement d’une hold-up rocambolesque, de situations relativement ordinaires qui basculent dans des scène épiques se régaleront avec ce récit.

« Ricardo Piglia s’empare du braquage qui a défrayé la chronique entre septembre et novembre 1965 à Buenos Aires. Il décide d’en faire un roman tant la violence des faits, la puissance des sentiments et la brutalité de la police dépassent de loin la fiction. » comme nous le dit si bien son éditeur français Zulma. Tel un documentaire le récit part à la rencontre des protagonistes qu’il lie avec art et patience, mais surtout avec un réalisme nonchalant déroutant. Il nous transforme, lecteurs savants et occidentaux, en de jeunes adolescents plongés dans leur manga. Mais la chute n’en sera pas moins fulgurante. Un massacre digne des films d’action américains en vogue se joue devant nos yeux, et ce n’est que la simple adaptation d’un fait divers…

La folie de cet excès, déchaîné, et qui monte en escalade se laisse enrober d’une banalité risible. Quels êtres humains sommes-nous ?… des voyeurs et complices d’un monde qui marche sur la tête !

L’Argent brûlé
Ricardo Piglia
éd. Zulma, 2010 (v.o. 1997)
Nouvelle traduction (de l’espagnol) par François-Michel Durazzo

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