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La maison vide, de Laurent Mauvignier
On connait les idées de Kundera sur le roman, en tant qu’exploration de territoires méconnus ou inconnus, comme œuvre de connaissance. Peu de romans français, aujourd’hui, remplissent cette « mission » sans tomber dans le témoignage ou le documentaire. Certes, des écrivains abordent des « sujets », ils les « traitent » mais trop souvent le lecteur a le sentiment de lire de la « non-fiction ». Depuis …
Eclaircie, de Carys Davies
« Lançon, huîtrier, sterne. Lieu noir, macareux, violette, algue argentée. Ivar les pointait du doigt en égrenant les mots dans sa langue, et John Ferguson les notait en anglais. « Lieu noir » et « algue argentée » étaient, il l’aurait volontiers reconnu, de simples suppositions – cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas retrouvé aussi près de la mer …
Tovaangar, de Céline Minard
« Elle remonta sur plusieurs brasses, les Ardéanes intriguées n’en perdaient pas une miette, puis elle s’arrêta soudain. Alba caqueta en reconnaissant la posture et la charge de l’affût. Mais au lieu de frapper, Ama immergea lentement ses deux mains dans l’eau. Une caresse. C’est dans cette caresse qu’elle sentit les flancs, les ouïes, les barbilles du Catfish qui se reposait …
Cantique du chaos, de Mathieu Belezi
« il chante sa chanson de marins aux arbres du soir et aux oiseaux de nuit qui se réveillent d’une dure journée de chaleur. Et les singes de tous les alentours accourent pour le voir gesticuler. Ça leur fait une distraction, et ça m’en fait une aussi. » Mathieu Belezi a offert aux lecteurs un grand nombre de livres sous différents noms …
Prugramma Mille Voci è Mille Scritti 2025
4rta edizione festivale Littératura è Uralità 24, 25 è 26 uttrovi 2025 in Sotta Corsica suttana Tematica 2025 : « Storie di famidda »Appughjate qui per leghje u prugramma in franceseCliquez ici pour consulter le programme en françaisU scontru cù José Carducci hè annullatu è rimpiazzatu cù un prugramma ghjuventù intergenerazione (Spettaculu di fauli).
A la table des loups, d’Adam Rapp
« Une heure plus tard, dans son jardin, son panier préféré au creux du bras, Ava cueille quelques tomates pour ses lasagnes. Comme les lapins ont rongé le filet et décimé les derniers brocolis de la saison, elle choisit à la place une dizaine de choux de Bruxelles. Satanés lapins. » Adam Rapp est un dramaturge américain reconnu, lauréat du …
Hamlet le long du mur, de Isabella Hammad
« – Le problème c’est qu’il n’était même pas capable de faire semblant. Faire semblant d’être optimiste, je sais pas, moi, d’avoir un peu confiance dans l’avenir. – D’être optimiste quant à la situation ? – Quant à l’avenir. Il n’avait pas de rêves. – Difficile de simuler des rêves, non ? » Isabella Hammad a été très remarquée dès …
Je ne te verrai pas mourir, d’Antonio Munoz Molina
Une dernière promesse Entre Gabriel et Adriana, épris l’un de l’autre depuis l’adolescence, bien des promesses, dont une qui ne peut être tenue. Et surtout plus de cinquante ans d’absence et de distance. Il a fait sa vie, bâti une famille, et réussi une brillante carrière aux États-Unis ; elle est restée à Madrid et a construit son existence avec …
Les Sœurs, de Jonas Hassen Khemiri
« Anastasia regarda son portable. Aucun message de Mathias. Mais deux messages de ses sœurs. Ina lui demandait si elle avait eu des nouvelles de leur mère, elle écrivait qu’elle commençait à s’inquiéter, elle ne répondait pas au téléphone depuis plusieurs jours. Evelyn, elle, envoyait un message disant qu’Ina voulait apparemment les emmener dans un musée de l’eau avec Hectore …
Darkly, de Marisha Pessl
« « Si j’espérais que ma nouvelle célébrité se traduirait par une amélioration de mon quotidien au lycée d’Eminence, je suis déçue. (…) Je surprends les gens à me regarder en chuchotant : Pourquoi elle ? Parmi toutes ces candidatures, pourquoi Mamie ? » » L’écrivaine américaine Marisha Pessl a gagné une renommée internationale dès la parution de son premier …
Autoportrait à l’encre noire, de Lydie Salvayre
D’une sincérité excessive Lydie Salvayre s’est lancée dans « le sot projet de se peindre ». Ainsi se résume le jugement de Pascal sur l’œuvre de Montaigne. Notre autrice cite ce dernier en exergue de son Autoportrait à l’encre noire et comme lui, elle peint le mouvement plutôt que l’être. Son autoportrait n’en fait pas une statue.Lydie Salvayre est romancière. Elle a …
Irina, un opéra russe d’Anouar Benmalek
« Elle chantait bien, ma Damilya. Mais seulement quand l’envie lui en prenait. Un soir autour du feu par exemple, alors que la neige tombait dru sur la yourte et que, non loin du campement, un loup hurlait sa solitude affamée… Je l’appelais Bibigul, ma femme, « rossignol ». Elle était persuadée que je me moquais d’elle, mais, moi, je …
Les incommensurables, de Raphaela Edelbauer
« – On se croirait les cobayes d’une étude. – D’une certaine manière c’est ce que nous sommes. L’étude s’intitule Vingtième Siècle. » L’artiste et écrivaine autrichienne Raphaela Edelbauer a été lauréate ou finaliste de nombreux prix littéraires à la parution de ses livres en allemand. Pour la première fois, en cette rentrée littéraire 2025, nous pourrons la lire dans …
Les certitudes, de Marie Semelin
« Est-ce qu’il est devenu ce mec détestable ? Il s’entend penser et ça l’agace. Non, lui il est Noam, il a horreur du cynisme et il est sympa. Il a un vélo, il aime la musique, le rock des années quatre-vingt-dix et deux mille, Oasis, Gun’s and Roses, Red Hot Chili Peppers. Il adore son boulot. Le vrai, pas …
Allô la Place, de Nassera Tamer
« Si j’en avais une, mon identité serait frontalière. Au bout de l’avenue d’Italie, au niveau du Stop Phone et de Chez Petit Jean (restaurant asiatique, spécialité : filet de bar au chou vinaigré pimenté), tout près du périphérique, il m’arrive de croire que mes pas vont déboucher sur le front de mer du Havre, à gauche se dresseront les …
Une voix sortie des profondeurs, de Paolo Rumiz
« Relire l’Italie depuis le bas » Dans La légende des montagnes qui naviguent, l’un de ses précédents livres, Paolo Rumiz se définissait comme un narrabond. Narrateur et vagabond. Ajoutons gourmand, amateur de langues qu’il cite pour le plaisir de leur musique et curieux. Voilà des adjectifsqui conviennent pour cet écrivain. Il reprend en effet des reportages pour la Repubblica et compose …
James, de Percival Everett
« Quand t’es esclave, tu dois faire tout ce que ton maître te dit de faire ? – Tout ça qu’il dit, tout le temps. Il dit « saute », je dis « haut comment » ? Il dit « c’ache », je dois « loin comment » ? – Mais comment une personne peut appartenir à une autre ? – Ça, sû’ que c’est une bonne question. …
DJ Bambi, d’Audur Ava Olafsdottir
Avoir un corps « Je ne vois pas comment on pourrait tout assembler de la vie d’une personne, ses expériences, ses émotions, ses désirs, ses douleurs, les motifs de ces décisions, à chaque instant, ses erreurs, ses regrets, je ne vois pas comment on peut cerner tous ces moments qui finissent par s’emboîter pour former toutes les époques qui constituent un …
Au grand jamais, de Jakuta Alikavazovic
« La mémoire est cruelle. J’ai peu de souvenirs d’enfance avec ma mère. Elle est là. Elle est l’ambiance, elle est le milieu dans lequel j’évolue. Même quand elle n’est pas là, elle est là : elle est dans l’atmosphère de notre appartement, elle est dans le moindre meuble, elle est dans cet espace feutré, tamisé, qui est mon monde. …
Cet autre Eden, de Paul Harding
« Personne parmi les habitants de l’île ou leurs ancêtres n’avait jamais payé d’impôts, ni possédé de compte en banque, ni contracté d’emprunt, ni obtenu le moindre acte de naissance, certificat de mariage ou permis de pêche. Ils vivaient sur l’île depuis plus d’un siècle, tout simplement, sans guère recevoir d’aide ni subir d’hostilité particulière de la part de leurs …
Haute-Folie, d’Antoine Wauters
« Sans le dire à personne, non, sur un coup de tête, il part avec son chien, son vieux chien, glissant dans une enveloppe l’argent qu’il a gagné (à quoi bon conserver de l’argent ?) et laissant ce simple mot aux habitants du bled : » Ma mère s’appelait Blanche ; mon père, Gaspard. Pour ma part, j’ignore complètement qui …
Les preuves de mon innocence, de Jonathan Coe
« Est-ce que serait tout le temps comme ça, désormais ? Chacun dans sa réalité, incapable de se mettre d’accord pour savoir si la pandémie a vraiment eu lieu ou si c’était un canular, si le changement climatique existe ou pas, si la Terre est plate ou plutôt ronde. À quoi bon écrire un livre, dans un monde pareil ? …
Lincoln Tragédie, de Karen Joy Fowler
« Une nuit d’août, à Boston, il fait sept tavernes avant de trouver son père. Des réverbères au gaz éclairent les rues. Son ombre s’étire et rapetisse sur le trottoir quand il passe dessous. L’air est poisseux, doux et sans vent, les étoiles lumineuses. Son père vient d’interpréter Shylock au Boston Museum. La vilenie que vous m’enseignez, je vais la …
Neverland, d’Urmas Vadi
Dans un pays qui ressemble presque aux autres « Les familles heureuses se ressemblent toutes ; Les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon ». Cette première phrase d’Anna Karénine, conviendrait pour résumer Neverland, roman (traduit, très bien, de l’Estonien par Françoise Sule), écrit par Urmas Vadi. Certes, Tolstoï, était russe, et en ces temps un peu obtus, ce seul …

