Liberté, Liberté chérie à la Galerie Lympia de Nice

La liberté s'expose dans un ancien bagne

Une soixantaine d’œuvres réalisées par trente-deux artistes ont fait l'objet d'une exposition autour du thème de la liberté dans l'ancien bagne de Nice reconverti en galerie musée. J'aime autant vous dire que le parcours proposé est glaçant de profondeur, et le lieu donne du relief à la parole exprimée là. Sculptures, peintures, vidéos et installations se succèdent et nous plongent dans une contemplation qui se transforme vite en émotion puis en réflexion de longue durée. Que veut dire liberté, quelle serait une définition du mot, sont quelques unes des questions auxquelles les artistes répondent dans la vidéo que vous pourrez visionner en bas de la page. Pour ouvrir cette chronique je retiendrais la formule d'un de ces artistes : « La liberté c'est choisir ses contraintes ».

L'exposition démarre au rez-de-chaussée où une grande salle en forme de L présente une quinzaine d’œuvres. Puis l'on emprunte un escalier de pierre pour arriver à l'étage. Un grand patio accueille une installation et ensuite on continue le parcours dans trois salles différentes, avec un troisième et un quatrième étage accessibles par un petit escalier un peu raide. Dans la toute dernière salle, au dernier étage, il y a une installation de l'artiste Miryan Klein. Un rideau sépare la pièce du couloir. On pousse le rideau et l'on pénètre dans une chambre noire. Une installation se joue là, elle nous enrobe par les projections vidéos qui se promènent tout alentour et la bande son qui nous enveloppe. Des centaines de papillons de toutes les couleurs volettent. Ces papillons se joignent pour former un ensemble et ensuite, là où se trouvait cette image colorée dessinée par les papillons en mouvement se révèle un texte. Quelques vers du poème de Paul Eluard apparaissent : « Je suis né pour te connaître, pour te nommer, Liberté ». L'instant vécu dans cette pièce se révèle libérateur. Voyez-vous, j'avais déambulé lentement dans les différentes salles et niveaux de l'exposition. Je m'étais fondue dans bon nombre d’œuvres, stationnant très longtemps devant certaines. J'avais le cœur serré, la gorge nouée. Quelque chose d'étrange m'avait gagné. Quelque chose d'important, d'essentiel. Et j'étais contente d'arriver seule dans cette chambre noire où les papillons de mille couleurs éclatantes sont venues me consoler, me conforter, puis m'éclairer. Ils m'ont dit, voilà, la liberté c'est cela, traverser mille moments de contrariété, de charge lourde qui pèse sur les épaules, d'adversité que l'on ne peut écarter tel un rideau gênant ; la liberté c'est se construire tout ce temps durant, puis un jour se métamorphoser, sortir de son cocon et dire « Je suis né pour te connaître, pour te nommer, Liberté » quoi qu'il arrive, et partout où je cheminerai, et en toutes circonstances. On se sera fait siennes les contraintes imposées par la vie. On trouve la force de se contraindre à être libre. 

Voilà ce que j'ai vécu ce jour-là en visitant l'exposition Liberté, Liberté chérie. Il me serait difficile de vous parler une à une de tous les tableaux, installations, sculptures et vidéos exposés. La vidéo postée en bas de cette page présente un parcours, donne la parole aux artistes présents lors de l'inauguration mais tout ne s'y trouve pas non plus. On peut dire, si l'on veut donner un bref résumé des thématiques traitées dans ces œuvres que chacune met l'accent sur un des phénomènes de société, ou de la société actuelle qui nous enchaînent. Bien entendu un artiste niçois ne met pas en lumière les mêmes chaînes qu'un artiste iranien ou américain. Mais tous mettent en scène le sens de la liberté. Le sens étant une direction, une voie, le tao comme le dit le mot chinois. L'installation qui ouvrait l'exposition et que j'ai prise en photo dit : « Je désapprouve ce que tu dis mais je défendrai jusque la mort ton droit de le dire. »

     

    

Simone Dibo Cohen, commissaire de l'exposition, est par ailleurs la présidente de l'UMAM (Union méditerranéenne pour l'art moderne), créée en 1946. Les présidents d'honneur à l'époque de sa création étaient Pierre Bonnard et Henri Matisse. Elle nous dit, dans le catalogue de l'exposition : Notre association, profondément attachée à l'aide aux artistes émergents, adhère à la citation d'Elsa Triolet : « Créer est aussi difficile que d'être libre ». (...) Dans ce nouveau lieu d'exposition créé par le Département qu'est l'Espace Lympia, composé du pavillon de l'horloge et de l'ancien bagne, où la notion de liberté a une connotation toute particulière, on retrouve des artistes plasticiens dont certains furent toujours libres et d'autres échappés des chaînes de leurs pays pour venir en France et pouvoir s'exprimer. Au-delà d'une simple exposition, c'est un hommage, un cri, un appel, un avenir.

Parmi les artistes ayant contribué à l'exposition nous trouvons aussi bien de grands noms, connus et reconnus, que des hommes et des femmes extrêmement jeunes, et d'autres qui sont peu voire pas connus du public français. Remercions les tous d'avoir pris part à cet hommage, cri, appel... 

Banksy
Li Baoxun
François Bard
Nasr-Eddine Benacer
Liu Bolin
Stefano Bombardieri
Matteo Carassale
Mauro Corda
Fronta
Marc Gaillet
Gérard Haton-Gauthier

Louis Jammes/Basuqiat
Joseph
Kianoush
Miyan Klein
Kristian
Davide Meneghello
Anthony Mirial
Lucien Murat
Philippe Nuell
Philippe Pasqua
Philippe Perrin

Jason Pumo
Gérard Rancinian
Shadi Rezaei
Pierre Riba
Benjamin Sabatier
Victor Soren
Cédric Tanguy
Gérard Taride
The Kid
Ramtin Zad

              

                

La Galerie Lympia se trouve tout près de la gare maritime de Nice. Alors si vous avez un bateau à prendre, un jour, pour aller en Corse par exemple, rendez-vous à l'embarcation un peu plus tôt, laissez votre voiture dans la file d'attente et sortez ; faites quelques pas et vous serez devant l'entrée de ce musée qui regorge de belles expositions. Giacometti ou Raymond Depardon ont été exposés là tout comme de jeunes artistes de la région, tel Anthony Alberti.
Vous y trouverez également les catalogues de toutes les expositions passées dont celui de Liberté, Liberté chérie. N'hésitez pas à consulter le site officiel de la Galerie Lympia en cliquant ici.

France bleu Alpes-Maritimes a consacré un reportage d'une durée de 26 minutes à cette exposition. Vous pourrez la visionner en cliquant sur l'image ci-dessous :

Cet article a été conçu et rédigé par Yassi Nasseri, fondatrice de Kimamori.

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