Théorie générale de l’oubli, de José Eduardo Agualusa

Ce livre est un petit bijou. Inspiré d’un fait divers réel il se déplie comme un conte surréaliste où l’on va de surprise en surprise, pour voir surgir des personnages humains, ou animaux, les uns plus touchants que les autres mais aussi plus magiques, et plus tragiques.

À la veille de la guerre, ou peut-être à son aube une femme se mure dans sa maison après que sa sœur et son beau-frère aient curieusement disparu quelques jours avant leur fuite programmée du pays. Elle construit un mur de brique qui masque l’entrée de l’appartement. Avec son chien elle séjournera dans cet appartement tout le long de la guerre civile et au-delà. Ce n’est qu’après une trentaine d’années qu’elle est découverte, vivante et en bonne santé malgré son âge désormais avancé et la folie de son aventure solitaire !

AngolaTout ce qui gravitera autour, et dans cet immeuble à l’appartement invisible viendra étoffer le récit de personnages et d’histoires insolites qui n’ont d’autre objet que permettre à l’auteur de peindre une fresque et dépeindre ainsi la face cachée de cette part de l’Histoire angolaise.

Le livre est délicieux, acidulé comme un bonbon chargé de saveur burlesque qui laisse pourtant une trace d’encre noire sur la langue. Telle une araignée l’écrivain tisse sa toile dans laquelle les acteurs se laisseront prendre pour être achevé par le sort et quelques fois pour s’y métamorphoser tel dans un cocon de soie lissé. Et l’oeuvre se réalise pleinement et parfaitement pour laisser son lecteur affolé de la réalité qui se révèle sur la toile de fond pittoresque et picaresque…

THÉORIE GÉNÉRALE DE L’OUBLI
José Eduardo Agualusa
éd. Métaillié, 2014 (v.o. 2012)
Traduit du portugais (Angola) par Geneviève Leibrich
Prix littéraire international de Dublin 2017
Finaliste du Prix Man Booker International 2016

Leave a Comment