Une enfant de Poto-Poto, de Henri Lopes

Amateurs de « parler » africain, n’hésitez pas ! Votre palais se ravira du délicieux de ce français congolais de Brazzaville qui s’allie fort bien aux déhanchements du danser local…

Kimia et Pélagie, de la fraîcheur de leurs dix-huit ans tout juste sonnés, nous emportent dans le tourbillon des saveurs de leur pays et de leur vie en cette veille d’Indépendance du Congo. Elles nous feront connaître le Moundele (le blanc) au tempérament africain qui les émoustille lors des cours surprenants et majestueusement libérateurs qu’il dispense au lycée, puis à l’Université. Mais le chemin des deux amies va se séparer, l’une poursuivra ses études à Paris, l’autre aux Etats-Unis, grâce aux bourses d’État de ce Congo autonome qui n’aura su être à la hauteur de leurs rêves de liberté et de justice. Pas à pas et page après page le français de notre Kimia narratrice se lisse, au même rythme que son esprit s’occidentalise et que son âme se détache de ses sources. Or elle ne perdra contact ni avec le Moundele adulé de son adolescence ni avec son amie Pélagie.

Les mœurs et les dialectes des différentes ethnies se donnent la main pour nous dire l’Histoire du Congo et l’histoire salée-sucrée-épicée et acidulée de ses habitants exilés puis, parfois, revenus. La Nostalgie du passé transcende alors le récit et émerveille le lecteur qui se trouve subitement à mille lieues de lui-même. Je suis conquise désormais par la plume des écrivains francophones africains, à la fois drôles, tendres et perspicaces.

UNE ENFANT DE POTO-POTO
Henri Lopes
Éd. Continents noirs Gallimard, 2012