Un homme, une femme, 2 films et mille variations

L'éternelle histoire et mille visages

Les salles de cinéma sont fermées et je regarde de temps à autre un film sur Netflix. Je fais des recherches par nom de réalisateurs, ou je me laisse charmer par le hasard des affiches qui me sont présentées. En l'occurrence j'ai regardé deux films que j'ai eu envie de rapprocher, parce que tout les éloigne ! Il est question de couple et d'amour dans les deux cas. Un homme et Une femme. Un couple qui se forme ou se dé-forme. Eh oui, l'histoire éternelle de l'Homme, la plus simple et pourtant la plus complexe, parce qu'elle se décline à l'infini ..

Adam Driver est un de mes acteurs préférés aujourd'hui. Pour sa performance seule je suis prête à voir un film. D'où ma sélection du film Marriage Story. D'un autre côté, qui ne serait intrigué par Un+Une de Claude Lelouch, clin d'œil apparent au mythique Un homme et une femme ?!
Chez Noah Baumbach, le film Marriage Story est le récit d'un divorce, à l'américaine, et donc plus fatale que tout autre. Scarlett Johansson interprète le rôle de l'épouse de Adam Driver. Cette femme qui aime son mari, qui révère son talent de metteur en scène, ne trouve d'autre solution, pour se réaliser, que de le quitter. Chez Lelouch, Jean Dujardin et Elza Zylberstein ont chacun un compagnon de vie mais le hasard va décider de les unir. Rencontre, réunion, cheminement, convergence, divergences, éclatement, séparation et toujours une tendresse, une amitié et une complicité à tout épreuve sont mises en scène dans ces deux films. Merveilleusement. Mais non pas toujours au service de la gaieté !

C'est assez amusant de voir que dans les deux cas la confrontation d'un homme et d'une femme va de pair avec la confrontation de deux lieux. Chez Lelouche nous sommes entre La France et L'Inde. Chez Noah Baumbach ce sont les deux mondes de l'est et de l'ouest des Etats-Unis : New York et Los Angeles. Le froid et le chaud nous sont ainsi soufflés. Et puis nous voyageons, nous sommes dans les avions, les trains, les voitures.
Dans les deux films un grand rôle est attribué à des personnages pourtant secondaires. Un divorce américain ne peut s'opérer que par la voie d'avocats très vedettes et très onéreux bien-sûr. La Justice est revêtue d'atours fringants et clinquants. Chez nos amis français c'est une prêtresse qui tient le haut de l'affiche : la grande guide spirituelle Amma, cette femme qui est la représentation vivante de l'Amour, qui accueille des dizaines de milliers de personnes chaque jour. Un par un elle les enlace, les serre tout fort contre son cœur, les libère et les soulage. Eh oui, la réunion tout comme la séparation est un triangle de forces alliées. D'ailleurs, pour s'affermir plus avant, ce triangle s'appuie sur la figure de l'enfant.

         

Naturellement le film qui raconte une séparation est perturbant alors que celui qui place la rencontre amoureuse au cœur du scénario est plus accueillant, plus réconfortant. Tout dépend si l'on cherche à être distrait ou éveillé. Car les deux films sont très beaux, ils savent faire résonner les mille variations qui font vibrer la corde humaine. Et l'amour fait office parfois de réalisation de soi, parfois d'oubli de soi. Deux êtres distincts ne feront jamais un seul. Pourtant la sensibilité des personnages principaux, dans les deux cas, est plus vive que la moyenne des êtres humains. Comédien, réalisateur, musicien, compositeur, ou enseignante de spiritualité, cet homme moderne et cette femme moderne que l'on nous montre, est pénétrant, et malgré lui doté de profondeur.

À quoi cela me sert-il de rapprocher deux films si éloignés, de les survoler ainsi, et de m'entêter pourtant à les réunir dans une seule et même chronique ?
J'avais peut-être simplement envie de faire un constat. Avec deux êtres humains, et cela seul, on peut dessiner mille variations d'entente et de mésentente. On peut imaginer tant de milliers et de milliards d'histoires. C'est la relation à l'autre qui fait l'Homme. Et peut-être qu'aujourd'hui il est plus essentiel que jamais de se le rappeler. Car voyez-vous, pendant que je regardais les images de cette femme-Amour Amma tournées en Inde, je me demandais comment elle mettait en pratique son don, à l'heure actuelle. En regardant les scènes filmées dans les bars New Yorkais ou sur les scènes de théâtre où les pièces du metteur en scène sont présentées, je me suis demandé de quels lieux ces instants essentiels et cathartiques pourraient s'emparer.
Vous l'aurez compris. Je ne cherche pas de réponse. Il me suffit de prendre conscience, c'est-à-dire de m'interroger. Et en cela je remercie le cinéma, que je m'offre à la maison sur Netflix !!

            

Cet article a été conçu et rédigé par Yassi Nasseri, fondatrice de Kimamori.

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