La finalité ?…

Jean-Marie Blas de Roblès est philosophe – il enseigne la philosophie – et il est archéologue. Un jour il a écrit un livre, de mille pages. Il a envoyé son manuscrit à bien des éditeurs ; tous l’ont refusé. Blessé au plus profond de lui-même il a déclaré qu’il n’écrirait plus jamais et il s’en est tenu à cette décision dix longues années. Les amis étant là pour nous sauver de nous-même, dix ans après, ils firent des photocopies de ce long manuscrit, préparèrent les enveloppes et encouragèrent l’auteur à retenter sa chance. Son manuscrit fut encore refusé par bon nombre d’éditeurs mais les Editions Zulma choisirent de le publier. Les lecteurs adorèrent le livre, il fut couronné par bien des prix littéraires et Jean-Marie Blas de Roblès redevint écrivain ! Oui, c’est une belle histoire, tout comme l’histoire de ce roman en question. Et j’étais totalement passée à côté de ce livre et de cet écrivain. C’est à l’occasion de la sortie de son dernier livre en cette rentrée littéraire que j’ai écouté une émission où Jean-Christophe Rufin donne la parole à cet homme tant passionnant que doté de simplicité et d’humilité. Et dans la semaine qui a suivi j’ai dévoré le livre (765 pages, et en tout petits caractères pour mes pauvres yeux fatigués !) en huit jours… Eh oui, je vous recommande vivement d’aller à la découverte de cet écrivain.

« Là où les tigres sont chez eux » nous raconte plusieurs histoires entrelacées. Nous suivons six personnages dans leurs périples respectifs et découvrons progressivement ce qui les relie. Chacun se trouve dans une région différente du Brésil, à l’époque moderne, hormis l’un des personnages qui est un savant fou et jésuite contemporain de Galilée, qui a mené les recherches les plus extraordinaires sur mille sujets et dans mille domaines différents et dont il s’avère que toutes les théories sont fausses, quand bien même il aurait été fort loué de son temps.

Sous le prisme de cette question du vrai et du faux ce roman fleuve nous donne à regarder la vie et le monde, les êtres humains, leurs passions et leurs travers sous toutes coutures. Rien ne manque dans ce livre, la connaissance parfaite y est, le lucre, la luxure, l’horreur, la poésie, la joie, le plaisir, la foi, la démesure, les croyances issues de civilisations primitives, la politique, l’étude, l’indécision, la vitalité, l’aventure, et je pourrais continuer encore longtemps. Mais oui on trouve tout cela dans ce livre. Et tout cela se trouve au Brésil et dans le monde et dans le coeur des hommes et chez ces européens qui sont venus séjourner au Brésil et aussi chez tous ceux d’antan. Et pourtant le livre se lit comme un thriller. Et le récit nous porte vers cet horizon inconnu qu’est la quête du sens. Le sens de la vie, le sens de ‘tout ça’ qui se passe autour de nous chaque jour. Bien entendu le livre ne donnera aucune réponse. Chaque lecteur en retirera la conclusion qui lui sied ; mais nous aurons passé un bon moment ensemble, lecteur et livre…

Vous pourrez écouter l’émission dont je parlais en début de cet article en suivant ce lien https://www.franceculture.fr/emissions/les-discussions-du-soir-avec-jean-christophe-rufin/de-larcheologie-la-litterature, et vous trouverez accès à la biographie et bibliographie de cet auteur dont le tout dernier roman, publié en cette rentrée littéraire 2017, « Dans l’épaisseur de la chair », sur la page de l’éditeur ici : http://www.zulma.fr/auteur-jean-marie-blas-de-robles-318.html

LÀ OÙ LES TIGRES SONT CHEZ EUX
Jean-Marie Blas de Roblès
Editions Zulma, 2008
Prix Médecis 2008

L’illustration présentée est l’oeuvre d’Angu Walters.

Et voici la couverture de son tout dernier roman disponible désormais en librairie :

 

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