L’alpiniste, de Bernard Amy

J’ai tant aimé ce livre qu’il m’a paru trop peu de lui consacrer uniquement un article, aussi élogieux qu’il fût. Je vous ai donc lu une des histoires de ce recueil de nouvelles dès ma première rencontre avec ce livre en 2013, et vous invite à l’écouter. Mais je vous invite surtout à acquérir ce livre, à le lire, le relire et le chérir chez vous… Le livre est joli, son format est agréable, les illustrations faites par la fille de l’auteur touchantes… et son contenu est de ceux qui ravissent l’âme. Toutes les nouvelles qui composent ce recueil ont pour thème l’alpinisme. Mais il ne s’agit pas là du sport, ou de l’activité de l’alpinisme. Il est question d’art, de l’art de grimper, de l’art de vivre, de voir, de sentir et de ressentir, de respecter la vie dans sa pureté et son authenticité.

Ce livre m’a parlé parce que la vision qui y est exposée rejoint cette philosophie asiatique que j’aime tant, cette possibilité d’un esprit humain zen tel que compris par les japonais dans l’exercice de leur art ; tout étant art au Japon, depuis l’arrangement floral jusque l’activité de l’ouvrier qui tourne des vis, en passant par le tir à l’arc et la cérémonie du thé.

Les histoires contées ici sont belles parce qu’elles relèvent d’une profondeur et une sensibilité qui nous pénètrent et nous transforment. Elles sont structurées comme des contes qui suivent un cheminement, traversent des étapes et rencontrent au final un aboutissement fait d’étincelles et de simplicité à la fois. Mais je n’oublie pas, aussi, que ces textes sont proches de la nature et de l’expérience sensorielle que celle-ci offre à l’homme. L’homme et la nature deviennent un. L’expression de la nature et le ressenti de l’homme s’épousent. Et l’on traverse des forêts, s’aventure dans le désert et les paysages de canyon à l’américaine, l’on grimpe aux sommets et l’on rencontre des chutes vertigineuses. Ce sont des contes initiatiques, faits d’une chose que l’on devrait nommer spiritualité. Or ce mot ne sait plus nous parler, alors l’auteur emprunte d’autres chemins pour nous dire ce mot, bien plus terrestre que l’on ne veut bien le croire.

Que puis-je vous dire de plus, de mieux ?! Dégustez, savourez, explorez et expérimentez ce tout qui coule à flots dans cet écrit merveilleux.

Bernard Amy« Né à Beyrouth (Liban) en 1940, Bernard Amy mène à côté de son activité d’ingénieur, depuis une expédition fondatrice au Kurdistan en 1969, une double carrière d’écrivain et d’alpiniste, curieux des expéditions lointaines (Fitz Roy en Patagonie, Atlas marocain, Mont Kétil au Groënland, Gurja Himal en Himalaya…) Il co-fonde la belle  revue « Passage » (1977), afin de parler autrement de l’alpinisme. Il est l’auteur de textes spéculatifs, abstraits, sur la montagne vue comme absolu, presque comme absence, et sur les pouvoirs du silence et de l’effacement. » Ces quelques mots sont extraits de la page de l’éditeur : « Entre méditation et poésie, l’écriture atteint ici un niveau d’épure et d’humilité semblable à ce que l’on retrouve dans les textes de Mario Rigoni Stern ou d’Inoue. »

L'AlpinisteL’ALPINISTE
Bernard Amy
Illustrations Anaïs Amy
éd. Le Tripode, 2014

Si mon article ne vous avait pas suffisamment donné envie de vous procurer ce livre, eh bien je vous invite à m’écouter vous lire une des nouvelles du recueil ici.

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