Il nous faut de nouveaux noms, de NoViolet Bulawayo

Ce livre, premier roman d’une écrivaine originaire du Zimbabwe a conquis son public et a été retenu dans la deuxième sélection du prestigieux prix littéraire anglophone Man Booker Prize 2013. J’avoue avoir été largement séduite à mon tour par le talent de NoViolet Bulawayo. La narratrice, Darling, une enfant de 11 ans, conte ses aventures aux côtés de sa bande d’amis. Et c’est au travers de ses mots enjoués et de sa triste lucidité que nous découvrons la situation sociale, politique et économique du Zimbabwe.

Dans la deuxième partie du livre notre jeune Darling a quatorze ans et se trouve aux États-Unis, immigrée illégale séjournant chez sa tante maternelle. Et c’est une autre histoire qui nous est racontée alors, celle de l’évolution du personnage et du franchissement du stade adulte : celui du désenchantement…

Le malheur peut avoir divers visages et l’on ne sait lequel est plus acceptable. Le récit est poignant mais toujours drôle, bouleversant mais toujours sous des airs de détachement parfait. L’art de l’écrivaine consiste en cette légèreté qu’elle sait déployer pour livrer des scènes dont l’horreur serait à priori insupportable à digérer. Et en prime une poésie extraordinaire se dégage de cette écriture manifestement dotée de style.

L’aventure d’émigration qui est contée dans le livre et la transformation que celle-ci porte sur la voix du personnage au fil du temps m’a fait penser à l’excellent livre de l’écrivain Congolais Henri Lopes, « Une enfant de Poto-Poto ».

IL NOUS FAUT DE NOUVEAUX NOMS
(We Need New Names)
NoViolet Bulawayo
Traduit de l’anglais par Stéphanie Levet
éd. Gallimard, 2014 (v.o. 2013)
Finaliste du Man Booker Prize 2013
Lauréat PEN/Hemingway Award

Leave a Comment