Club de lecture à distance du 9 mai 2020

Habituellement j'anime des clubs de lecture dans les bibliothèques et médiathèques. Mais alors est arrivé le confinement... et j'ai mis sur pied une autre forme de rencontre - à distance !
Nous avons vécu notre deuxième réunion à distance le samedi 9 mai 2020. Rencontres avec les contributeurs audio, discussions avec des auteurs et avec une éditrice de longue date sont venus étoffer nos échanges. Encore une fois les lecteurs passionnés et les participants de mes clubs de lecture habituels ont répondu présent à l'appel : nous étions heureux de nous retrouver. Mais nous avons eu également la chance de faire de nouvelles rencontres, de connaître des lecteurs du journal de Kimamori que nous ne connaissions pas de visu...

Rappelons qu'aucune des personnes présentes n'était particulièrement experte dans les domaines de la technologie. La connexion n'est pas bien difficile en visioconférence, et le cas échéant, un simple appel téléphonique permet de se joindre au groupe...

Cette formule à distance a un charme terrible parce qu'il nous permet de nous réunir quel que soit notre lieu de résidence. La richesse des discussions et la force de l'émotion partagée n'en sont que démultipiées. Nous comptions cette fois dans l'assemblée des résidents de nouvelles villes et communes de la Corse, mais également des habitants d'un plus grand nombre de régions françaises. Et, cerise sur le gâteau, nous avions trois très belles personnes avec nous, dont deux étaient venues des États-Unis (mes sœurs), et l'une - présidente et fondatrice une quinzaine d'années durant d'une maison d'édition francophone - des monts du Liban !

Et ce n'est pas tout !
Nous avons eu le grand bonheur de compter parmi nous Jean-Michel Neri, l'auteur d'un des deux romans que Kimamori partage chaque jour avec ses lecteurs sous forme audio : La peau de l'Olivier. Enseignantes, bibliothécaires, directrices d'écoles s'étaient joint au groupe. Auteurs, contributrices audio et une peintre nous ont également enchantés par leurs lumières... En un mot, passion, générosité et beauté étaient foisonnants au sein de notre cercle virtuel.

La dernière fois nous avions vécu une expérience hors de l'ordinaire. Cette fois nous étions dans une continuité. Et j'ai précisé dès le début de la rencontre que cette aventure ne s'arrêterait pas avec le déconfinement. Ces clubs de lecture et rencontres d'auteurs à distance vont se pérenniser et nous permettre d'ouvrir les bras aux écrivains et lecteurs d'ici et d'ailleurs, depuis notre île de beauté !

Citation du jour

Cette fois j'ai ouvert la session une demi-heure plus tôt, afin de laisser aux uns et aux autres le temps de nous rejoindre et de vérifier le bon fonctionnement technique de la connexion. La réunion comptait 38 inscrits parmi lesquels 26 participants ont pu se rendre disponibles. Eh oui, tout comme les clubs de lecture physiques, nous accueillons toujours de nouvelles personnes. Le noyau dur est là, infailliblement, et le groupe se renouvelle, nous offrant de nouvelles inspirations, commentaires, ressentis.

Une fois n'est pas coutume... la session a été introduite par la voix d'un auteur. Mais la technologie nous offre de nouvelles possibilités. Alors nous avons écouté quelques bribes d'entretien de l'artiste peintre-calligraphe Fabienne Verdier, et avons regardé sa danse avec ce pinceau sublime qui est grand comme un homme ! Cette artiste, très jeune encore, a apprise à peindre autrement, et faire un pas de côté pour se surpasser, faire sienne de nouveaux modes d'inspiration et d'expression. C'est bien cela que nous faisions, nous aussi, autour de notre table invisible : avec sincérité et générosité, simplicité et humilité, nous apprenions à nous adapter, grandir, apprendre à être et vivre autrement afin de rester, plus que jamais, fidèles à nous-mêmes.

Et. Que disait-elle, Fabienne Verdier ?
(cliquez sur la petite flèche "play" pour démarrer l'enregistrement)

« On nous a toujours enseigné qu'il y a l'homme et le monde mais finalement à force de peindre j'ai compris que l'homme et le monde faisaient qu'un. »

Eh oui, Fabienne Verdier parlait de « cette autre possible écriture du monde », et de l'art de « suggérer la poésie du monde ». C'est bien cela que nous nous apprêtions à faire, ensemble, réunis au-delà des frontières telles qu'elles sont encore établies aujourd'hui...

Romans Audio quotidien

Nous lisons actuellement, ensemble, en mode audio, deux romans. Chaque jour je lis à voix haute et envoie un chapitre lu aux lecteurs du Journal Audio quotidien de Kimamori. Nos deux romans feuilleton sont :

La dernière fois nous avions longuement parlé de La peau de l'Olivier, et nous étions enrichis de la présence de l'écrivain Jean-Michel Neri. Il était avec nous cette fois, de nouveau, pour notre plus grand bonheur. Mais nous avions convenu de nous concentrer cette fois sur le roman d'Alexandre Dumas. Dès que nous aurons terminé La peau de l'Olivier, nous organiserons une rencontre avec l'auteur, à distance, afin de réunir le plus grand nombre de ses lecteurs de par la Corse, la France et le monde. Vous serez informés de la date de cette rencontre dès qu'elle sera fixée.

Nous avons alors longuement échangé autour de ce premier tome (vingt-trois premiers chapitres de l'édition en six tomes) du Comte de Monte-Cristo.

J'ai fait part à tous de ce que je venais d'apprendre : ce premier tome n'avait pas été prévu au départ par Alexandre Dumas. Il avait été proposé par son collaborateur Auguste Maquet. Et ô combien riche avait été son idée. Nous qui vivons un confinement avions été particulièrement sensibles à tous ces chapitres où Dantès vit dans son cachot du chateau d'If, où il atteint progressivement le désespoir, où il rencontre enfin son voisin de cellule, l'abbé Faria. C'est alors qu'un nouveau monde s'ouvre à lui. Il est pour la première fois de sa vie en contact direct avec La Connaissance. Il va s'instruire, apprendre le monde, les langues, la chimie, les mathématiques etc. Et durant cette période il va tout comme se métamorphoser. L'Edmond Dantès d'avant Faria n'est pas le même homme que celui d'après. Le nouveau Dantès, nous allons le découvrir dans les tomes suivants, mais déjà nous lisons sa transformation lente et profonde.

Il serait difficile ici de rapporter tous les témoignages des lecteurs. Rosiane Marchi, Virginie Leydier et Brigitte Nezan nous ont fait part de leurs vécus d'aujourd'hui ou d'hier en compagnie de cette oeuvre. Par un mode audio en famille pour Brigitte, par une série télévisée italienne pour Rosiane... elles avaient été charmées par l'histoire et par les personnages, lors de leur première rencontre avec l'oeuvre, il y a des décennies. Mais nous avions tous et toutes vécu une même chose : autrefois un roman d'aventure, aujourd'hui un roman initiatique. Car ces passages du début avaient été occultés de nos mémoires. Et cette fois, peut-être grâce à un regard nouveau et plus mûr, nous avions été passionnés par ces chapitres très intérieurs et cathartiques.

L'Homme se trouvait ainsi exploré dans sa force de liberté intérieure, de ressources innombrables, face à l'adversité, au cœur de la solitude. Ces hommes, seuls dans leurs cachots avaient donné vie à un monde, à une vie riche et vaste. Remarquable et époustouflant de beauté et de vérité...

Nicolas Vély m'a interrogée sur les raisons de mon choix. Était-ce dû à la présence et à la proximité de la Corse dans le roman ?
Bien des raisons expliquaient ce choix, dont celles pragmatiques relevant des problématiques de droits d'auteur. Mais l'une des raisons essentielles avait été mon désir de faire intervenir Claude Schopp, grand spécialiste de Dumas et de ce roman, par l'intermédiaire d'un ami qui vient d'adresser une très belle lettre, de notre part, à l'expert passionné et passionnant. J'ai invité tous les participants à se joindre à moi, pour donner de l'ampleur à l'espérance qu'il veuille bien accepter notre invitation ; et demandé aux lecteurs passionnés du Comte de Monte-Cristo de préparer leurs questions, à adresser à notre invité. Car nous sommes des lecteurs - pour large part - nouveaux de cette oeuvre. Le témoignage d'Yvette Mesana par exemple qui nous parlait de sa belle-fille illustrait la fraîcheur de cette passion toute neuve que nous étions en train de développer pour ce grand classique. Et nombreux avaient le désir d'aller chercher très vite à la bibliothèque ou à la librairie leur exemplaire du roman pour s'y plonger à satiété tout en continuant d'écouter les chapitres audio que j'envoie.

C'est alors qu'une suggestion - une demande - a été formulée par les uns et les autres d'entreprendre la lecture d'autres classiques. Nicolas suggérait Notre-dame de Paris, Dominique Olivieri Madame Bovary, et Angela Nicolai, Tania Hadjithomas Mehanna et Dominique Orsini proposaient L'Odyssée d'Homère.
Eh bien ! Pourquoi pas, ai-je répondu. Et puisque nous avons de merveilleuses contributrices ici présentes, nous pourrions faire des audios de cette oeuvre ensemble. Et qui sait, vous qui lisez ce compte-rendu, aurez-vous peut-être l'envie de vous joindre à nous dans cette aventure ? (petite note de Yassi : envoyez-moi un petit mot en ce cas, et j'en serais - ainsi que tous les autres lecteurs et contributeurs de Kimamori - aux anges !)

Les coulisses de l'édition

La dernière fois une rubrique s'était imposée d'elle-même autour de la lecture à voix haute. Et Sylvie Duchêne, lectrice expérimentée, nous avait apporté des éclairages. Cette fois c'est Jean-Michel Neri qui a lancé le débat : puisque nous parlons des classiques, justement, durant ces semaines de confinement j'ai lu Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Et je me suis demandé si, aujourd'hui, ce texte en tant que manuscrit d'auteur, serait accepté par un éditeur ?! Qui estimerait que les lecteurs liraient un tel écrit...

Cette question nous a occupés quarante-cinq minutes durant !

Tania Hadjithomas Mehanna, confinée dans les montagnes du Liban est intervenue la première. Ayant fondé une maison d'édition, l'avoir portée quinze années durant en donnant une place à des auteurs et des livres dans lesquels elle avait cru... elle a cité les mots de Bernard Fixot, fondateur de la maison xo éditions : le bon éditeur est celui qui fait faillite...

Puis elle nous a apporté un éclairage riche et passionnant sur le monde de l'édition, sur son expérience personnelle (tant d'éditrice que d'autrice). Pour elle, malgré tout, l'écrivain devait d'abord et avant tout rester déterminé et en harmonie avec ses ressentis... dire ce qu'il avait à dire.

Ladane Nasseri, ancienne grande journaliste en agence de presse durant une quinzaine d'années, et future écrivaine, s'était joint à nous depuis New York. Elle nous a transmis sa connaissance du paysage éditorial aux États-Unis. En dehors des très grands éditeurs - les Big Five - nombreux petits éditeurs s'évertuaient à donner voix à des écrits singuliers et extrêmement créatifs. Ces publications que l'on qualifiait d'hybrides pouvaient paraître étranges mais permettaient des rencontres formidables.

Naturellement nous avons abordé la problématique du nombre : un très grand nombre de livres sont publiés chaque année. Comment, qui que ce soit, et même un Bernard Pivot pourrait-il tout lire, tout faire connaître, tout défendre ?..
Et bien-sûr j'ai renchéri. Nous qui sommes des lecteurs passionnés avons un rôle en cela. C'est un bonheur de parler livres ; mais c'est aussi très important de partager nos lectures, de porter à notre manière les écrits dans lesquels nous croyons.

Cathy Joubert nous a parlé de ces autres modes d'édition, en ligne, qui étaient en vogue et qui trouvaient un public jeune et curieux. Mathilde, sa fille qui a treize ans, fait de belles rencontres avec des textes et des auteurs qui lui plaisent, et qui ne sont pas nécessairement publiés en format traditionnel.
Les auteurs, qui étaient présents et qui ont publiés récemment selon de nouveaux modes et par la voie d'éditeurs innovants, comme Jean-Louis Nezan ou Patrice Alloin nous ont fait part de leur expérience.

La discussion a été bien étoffée et a rencontré d'autres branches et sous-branches. Mais Angela Nicolai nous a permet de clore, sur une question qui restera toujours sans réponse définitive. Elle a pris l'exemple de Goliarda Sapienza et de son livre L'Art de la joie. L'écrivaine s'était échinée pendant vingt longues années - sans succès - à faire publier son roman et finalement n'avait été mise entre les mains des lecteurs qu'à titre posthume. Certains écrits sont peut-être trop en avance sur leur temps, disait Angela. Et Tania nous a donné le mot de la fin : mais les livres sont immortels...
Quant à moi, j'ai dit ce que je pense profondément : un livre trouvera toujours son lecteur, quelques années, ou quelques siècles plus loin.

Partage de nos lectures

Nous avions prévu dans notre agenda de parler de six livres, dont trois qui nous avaient été présentés auparavant par des extraits audio lus (par Jean-Louis Nezan, Tania Mehanna et Angela Nicolai). Il ne nous restait plus beaucoup de temps. Alors nous avons avancé au pas de course. Mais de très belles émotions nous attendaient encore, portées par des discussions profondes et magnifiques dans leur teneur.

Je vais passer en revue brièvement et rapidement ces présentations. Il m'est difficile de restituer la beauté de ce que chacun nous a offert. 
J'avoue qu'une très grande émotion m'a gagnée, présentation après présentation. Chacun, chacune a parlé avec son cœur, ses tripes, sa sincérité absolue. Chacun a employé ses mots, son mode de communication et nous a offert des instants inoubliables qui resteront gravés en notre âme, longtemps. Alors comment vous transmettre cela, vous qui n'étiez pas là, en étant fidèle à ce qui s'est vécu et produit. Pardonnez-moi chers lecteurs et lectrices, je m'avoue vaincue d'avance...
Mais.
Notez que nous avons prévu de lire ces livres, les uns et les autres, afin d'en parler ensemble lors de prochaines rencontres et de creuser plus avant, en confrontant nos lectures respectives et multiples.

Jean-Louis Nezan nous a fait part de son parcours de poète. Il nous a raconté ses années vécues à l'étranger, ces moments où il avait ressenti la nécessité de renouer avec ses racines, sa langue, ce lui-même qu'il perdait petit à petit et qui ont donné lieu à son écriture. Il nous a parlé de ses premiers écrits qui étaient venus accompagner les tableaux de son épouse peintre. Et il nous a raconté ainsi son cheminement. Bientôt il partagera avec nous des extraits lus de son recueil de nouvelles noir. Nous avions écouté récemment deux extraits de Philosophie de la chaise longue, suivi du recueil Page blanche : Je voudrais et La fourmi.

Tania Mehanna nous avait offert un extrait lu, par elle, de ce livre publié en décembre 2019. Nous avions écouté l'extrait et étions impatients de l'entendre nous en parler plus avant. Et en effet, le parcours de cette grande journaliste du magazine Elle, hier une femme très glamour, aujourd'hui reconvertie en agricultrice, nous a frappé. Mais Tania nous a parlé aussi de sa rencontre avec ce livre. Un texte qui, un jour, parce que le moment le requiert, nous parle... lui a parlé. Et la grâce de l'auteure était en ce partage de tous ses tâtonnements, qu'elle raconte patiemment dans ce récit très personnel. Elle a changé de vie, du tout au tout, du jour au lendemain, mais non sans être constamment traversée de doutes.
Et puis, le titre est un projet en soi. Toucher terre. Cela ne nous concerne-t-il pas tous, aujourd'hui? N'avons-nous pas précisément ce besoin aujourd'hui, à notre époque, de quitter la frénésie et de toucher terre ?... La sincérité et la simplicité des mots de Tania donnaient un sens encore plus élevé à ce projet de Florence Besson.

Là encore, il s'agissait d'une rencontre forte, entre un livre et une lectrice. Un de ces livres qui changent irrémédiablement notre vie, qui nous changent nous-mêmes, nous a dit Angela... Nous avions lu la très belle chronique, et écouté l'extrait lu, qu'Angela Nicolai nous avait offerts. Elle nous avait présenté la vie et l'oeuvre de Goliarda Sapienza. L'Art de la joie, roman posthume, porte la voix d'une femme, en quête de liberté, empreinte du désir de vivre... la joie. Balottée d'un monde à un autre, forcée à se soumettre aux conventions, elle trouvera pourtant la force intérieure de défendre sa vie, et son droit de l'exercer selon la morale qu'elle se sera définie. Car n'oublions que nous sommes au vingtième siècle avec cette comédienne et écrivaine italienne née en 1924 et décédée en 1996. Mes quelques mots pour vous restituer la présentation d'Angela sont plats. Mais sa voix était vibrante, son port de tête fier. Et le livre a subitement été enveloppé de sa passion. Rappelons qu'Angela est enseignante et comédienne ; éprise de lettres, elle-même écrit merveilleusement. Et je suis très heureuse d'avoir fait sa rencontre durant ce confinement. Je la remercie mille fois pour toutes les contributions qu'elle a apportées au journal de Kimamori tout ce temps.

Dominique Orsini a commencé par nous dire qu'elle n'était pas une habituée de clubs de lecture. Soyez indulgents, c'est une première pour moi, nous a-t-elle dit en introduction, aussi... j'ai travaillé. Munie d'une feuille, elle a commencé à lire. Nous nous attendions à une fiche de lecture. C'est une nouvelle qui nous a cueillis. Dans un texte magnifique, elle resituait le parcours de Line Papin, raconté dans ce récit. De Hanoï à Paris, trois générations de femmes combattent la guerre, le désamour, les changements extrêmes de l'existence. Nous avons tous été happés par le récit que Dominique nous faisait de ce livre. Et encore une fois, comme pour les livres précédents, nous nous sommes dit que nous avions absolument envie de le lire ! Et moi, je savais bien que je serais incapable de vous rapporter les mots de Doume, alors je lui ai demandé de partager son texte avec nous. Dès que j'aurai terminé de mettre en page sa chronique très littéraire et émouvante, elle vous sera communiquée par le journal quotidien, apparaîtra sur le site de Kimamori et un lien y renverra depuis ce paragraphe.

Il ne nous restait plus que très peu de temps. Aussi j'ai demandé à Anna Carle de nous faire une présentation extrêmement brève de ce roman. Or, rappelons que dès sa sortie ce premier roman d'Estelle Sarah Bulle a gagné le cœur des lecteurs et des critiques, et le grand nombre de prix littéraires, qui émanent des lecteurs et dont ce livre est lauréat, ne peut que nous en convaincre. L'écrivaine fait le récit de trois générations d'antillais qui ont quitté leur Guadeloupe, leur univers merveilleux, pour s'exiler en métropole. Ils n'ont cessé d'être tiraillés entre ces deux mondes. Anna nous a parlé également de la langue employée, qui tout comme pour soutenir son propos mêle le parler créole avec le français établi. Je vous invite à consulter la page de l'éditeur pour en savoir plus.

Et voilà ! Nous avions commencé par Fabienne Verdier ; nous finissions par Fabienne Verdier. Rosine Pennecot, Michèle Lamotte et Brigitte Nezan nous ont parlé, brièvement chacune, de l'artiste peintre-calligraphe. Elles nous ont rappelé cette expérience singulière qu'elle avait vécu en Chine, très jeune et qui est narré dans le livre Passagère du silence. Rosine a détaillé un projet sur lequel elle avait travaillé en grandeur nature, sur un mur du palais Torlonia. Et Brigitte a partagé avec nous un moment inouï qu'elle avait vécu, seule au musée avec l'oeuvre de l'artiste... Et puis bien entendu je ne pouvais faire autrement que de rajouter quelques mots tant le parcours et la beauté intérieure de cette femme artiste me fascinent. Son chemin a été parmi les plus difficiles, son humilité est indicible, et tout en étant très solitaire la plupart du temps dans son travail elle a été amenée à côtoyer de grands scientifiques, de grands lettrés : de grands hommes et de grandes femmes peuplent sa destinée. Notons qu'une exposition rétrospective de son oeuvre s'est déroulée à Aix en Provence en fin d'année 2019. J'en avais fait une chronique à laquelle vous pourrez accéder en cliquant ici. Vous trouverez plusieurs liens ci-dessous, vidéo et audio, qui vous permettront d'en savoir plus.

Chères toutes et chers tous qui étiez là à cette réunion à distance, encore un grand merci pour votre présence et votre soutien. Pardonnez-moi si j'ai omis de faire apparaître une mention importante dans ce compte-rendu, et n'hésitez-pas à m'en faire part. N'oubliez pas aussi que je vous ai demandé de préparer vos questions à poser à Claude Schopp s'il accepte d'intervenir dans une de nos réunions à venir.

J'aimerais également remercier celles et ceux que je n'ai pas cités dans cet article : Carmela Bertocchi et Florence Vizet depuis Porto-Vecchio, Dominique Olivieri depuis Ajaccio, France Michelangeli et Marylène Lanfranchi depuis Sainte-Lucie de Porto-Vecchio, Dominique Gilleron qui était avec Nicolas Vély depuis Lille, Jean-François Carle qui était avec Anna Carle depuis Sainte-Lucie de Porto-Vecchio, Valérie Albin qui nous rejoignait pour la première fois depuis Grenoble, Sylvie Rey qui se joignait à nous depuis Paris et que j'ai connue en Corse.

Et puis je vais tenter de redresser mon erreur impardonnable : durant ces rencontres je m'adresse toujours à mes sœurs en disant "ma sœur". L'aînée, dont l'intervention chargée d'émotion de notre précédente réunion à distance restera gravée en nos mémoires, se nomme Nazanine, et ma jeune sœur se nomme Ladane. Voyez-vous, toutes trois sommes des fleurs : moi le jasmin blanc, ma jeune sœur la capucine et notre aînée est une fleur du désert qui s'ouvre à l'aube et se préserve du soleil aveuglant en resserrant ses pétales durant la journée. Et je rends hommage ici à notre grand-père pour avoir participé au choix de nos prénoms et pour avoir ainsi posé une note de poésie en nous. Dans la poésie persane ancienne le jasmin blanc est signe de sensibilité et de vulnérabilité, Nazanine est la représentation de la très grande douceur et de la sensualité, et la capucine est empreinte de ce secret du lotus qui a l'art de s'épanouir et devenir beauté au cœur même des sols les plus ingrats...

Références, listes et liens :

Liens émissions radiophoniques

Vous pourrez écouter les émissions radiophoniques suivantes en référence à nos échanges :
- Entretien de Laure Adler avec Fabienne Verdier (dont sont extraits les mots entendus en début de réunion) : L'heure bleue sur France inter,
- Entretien Christophe Ono-dit-Biot avec Line Papin et Ryad Girod : Le temps des écrivains sur France Culture.
- Entretien de Laure Adler avec Estelle-Sarah Bulle et Pauline Delabroy Allard : L'heure bleue sur France inter,
- Série d'émissions sur la vie et l'oeuvre de Goliarda Sapienza : La compagnie des auteurs, par Mathieu Garigou-Lagrange sur France Culture.

Liens vidéos

Vous pourrez regarder les vidéos suivantes sur Fabienne Verdier et Florence Besson :
- Film de Philippe Chancel, que nous avons regardé en début de réunion où nous voyons Fabienne Verdier peindre, dans son atelier,
- Documentaire Arte qui présente en quelques minutes le dernier projet de Fabienne Verdier, sur les terres de Cézanne, où elle transporte à dos d'âne son "atelier mobile" pour peindre dehors...
- Rosine m'a envoyé un lien vers une vidéo où le commissaire de l'exposition de Fabienne Verdier à Metz parle des "formes simples".
- Vous pourrez écouter Florence Besson parler du projet qui a donné naissance à son livre ici : entretien et vidéo de la librairie Mollat,

Liens articles

Vous pourrez consulter les articles, extraits lus et chroniques référencées dans ce compte-rendu :
- Compte-rendu de notre dernière réunion à distance, du 18 avril 2020,
- Chronique de Kimamori sur l'expostion Fabienne Verdier, sur les terres de Cézanne,
- Chronique d'Angela Nicolai sur Goliarda Sapienz et extrait lu de L'Art de la joie,
- Poèmes de Jean-Louis Nezan lus par lui :
Je voudrais
La fourmi
- Extrait de Toucher terre de Florence Besson, lu par Tani Hadjithomas Mehanna,
- Premier chapitre lu de La peau de l'Olivier de Jean-Michel Neri,
- Premier chapitre lu du Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas.

Références illustrations présentées

La peinture apparaissant dans l'encart club de lecture, en en-tête de cette page, est l'oeuvre d'Isabelle Plante.

Cet article a été conçu et rédigé par Yassi Nasseri, fondatrice de Kimamori.

Comments

  1. Superbe travail Yassi, ce journal audio et ce club de lecture a distance sont une vraie merveille.
    Je tiens vraiment en tant qu’amie mais aussi en tant qu’abonnée à rendre hommage à tout ce travail fourni , avec ponctualité, originalité et diversité ainsi que bonne humeur. MERCI et BRAVO BRIGITTE

  2. Bonjour Yassi
    J’ai été très heureuse d’assister au club de lecture à distance, même si ma participation a été passive pour cette première fois. Grande admiratrice du travail de Fabienne Verdier, ayant lu son livre « Passagère du silence » il y a quelques années, livre magnifique traçant le parcours d’une femme courageuse (ce n’était pas rien d’aller en Chine dans les années 80 juste après les années Mao) et volontaire, la voir travailler sur cette vidéo a été un moment magique. Grâce à vous, j’ai pu ensuite écouter entièrement l’émission L’Heure bleue animée par Laure Adler. « Le comte de Monte Cristo » est également un souvenir de lecture d’enfance merveilleux. Merci pour cette belle initiative réunissant des personnes de tout horizon et si éloignées géographiquement – magie de la technologie!

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