Once upon a time in Hollywood, de Quentin Tarantino

Le cinéma refait l'histoire

Un nouveau Tarantino est sorti. Et tous les fans de Tarantino sont allés le voir. Moi qui suis fan des Kill Bill du réalisateur suis allée le voir aussi ! Et j'ai savouré les deux heures et quarante minutes de ce cinéma : documenté ; soigné par un travail d'orfèvre seconde après seconde et séquence après séquence ; déjanté et décalé à ravir ; qui peut tout se permettre ; et qui ré-écrit l'Histoire à sa guise. Une direction d'acteurs sublime et des personnages sculptés à la perfection viennent compléter le tableau. Et puis ici, nous n'avons pas à chercher une épiphanie, une morale de l'histoire... ni le cinéma ni Hollywood ne sont là pour ça après tout !

Si je vous dis qu'il n'y a pas réellement une histoire racontée dans le film, vous vous demanderez ce qui tient en haleine le spectateur presque trois heures durant. Alors je vous dirai que le film nous parle d'une tranche de vie d'un grand acteur de western hollywoodien et de son double cascadeur, qui est également un ami, son chauffeur et son homme à tout faire. Trois heures durant on est subjugué par ces caractères qui n'existeraient jamais dans la vraie vie et qui sont modelés tout d'un bloc. Le gros dur sans concessions d'un côté, l'acteur hollywoodien absolu au cœur tendre. Des américains pur jus. Et une autre Amérique est dessinée sous nos yeux : celles des sectes, plus précisément celle qui a massacré la jeune épouse enceinte de Roman Polanski en 1969. Naturellement Sharon Tate, Roman Polanski, Steve McQueen, Bruce Lee sont de la fête. Leur histoire se joue sous nos yeux et, le regard du spectateur oblige, l'histoire se ré-écrit. Le cinéma joue son propre rôle et s'émancipe sous notre regard hilare, enchanté.

Les cinéphiles qui ont tout vu reconnaîtront les scènes, les dialogues, les séquences, les plans qu'ils connaissent par cœur. Et les autres, qui ne sauront lire entre les lignes, seront tout autant gagnés par ce film, si tant est qu'ils ont l'esprit ludique. Ce film est drôle. Il est si drôle qu'il en devient délicieux et attachant. On se laisse porter, on se laisse happer et bercer à la fois. Le sens de la dérision, du second degré, et de la liberté de se jouer de tout sont requis et récompensés dans ce cinéma. Hollywood se dévêt sous nos yeux et nous l'aimons mieux ainsi. Mais attention, comme je le disais au début de cet article le film est extrêmement bien documenté, à tel point que l'on aurait du mal à distinguer l'image présentée dans ce film et celle dont elle est inspirée, que l'on peut retrouver en visionnant le film original, d'époque.

   

   

On pourra reprocher à Tarantino d'avoir dépeint une Sharon Tate simplement gentille et belle, alors qu'elle était également une femme dotée de profondeur et d'intelligence. On pourra lui en vouloir d'avoir quelque peu ridiculisé Bruce Lee dans la scène succulente de sa confrontation avec le cascadeur joué par Brad Pitt. Mais l'on aurait probablement tort. Il redonne vie à Sharon Tate : regardons-la vivre. Il ramène également à la vie le légendaire Bruce Lee décédé à 32 ans alors qu'il n'en était qu'au tout début de sa carrière. Il leur permet de redevenir humains et non pas simplement des histoires du passé. En cela leur présence est vibrante ici. Et il me semble que Tarantino les aime et les adore, ces deux personnages, puisqu'il les ressuscite...

       

  

Nul doute qu'il vaut mieux voir ce film dans une belle salle de cinéma, et surtout pas sur son petit écran... Le plaisir ne serait pas le même. Mais une fois regardé en salle, on est pris par le désir de le revoir, et de le revoir, pour le plaisir d'écouter les dialogues à l'infini. 
La semaine dernière je vous parlais du film Les faussaires de Manhattan, et j'attirais votre attention sur le fait que le personnage principal était Jersey. Eh bien, ici, dans Once Upon a Time... in Hollywood il se pourrait bien que le personnage principal soit Brandy. Pleins feux ci-dessous sur Sayuri, qui joue Brandy !!!

Ce film est une célébration du cinéma me semble-t-il, et moi qui n'aime pas tant les scènes de violence, chez Tarantino je les supporte. Avec le cinéma de Tarantino je ris de la violence qu'il met en scène. Il rend justice au cinéma et refuse de rendre anodines et quasi invisibles mille scènes de violence qui sont désormais joyeusement insérées dans un peu tous les films. Ici, sans demi-mesure, on nous donne une scène grandiose de violence, qui nous souffle tant elle est interminable, quasi comique, et qui rétablit la vérité, celle qui n'est pas historique, mais simplement cinématographique.

ONCE UPON A TIME... IN HOLLYWOOD
Réalisateur : Quentin Tarantino
Scénario : Quentin Tarantino
Musique : Mary Ramos
Directeur de la photographie : Robert Richardson
Chef monteur : Fred Raskin
Directeur artistique : Richard L. Johnson
Casting : Leonardi DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Al Pacino, Margaret Qualley, Julia Bitters, Emile Hirsch, Mike Moh, Austin Butler, Bruce Dern, Timothy Oliphant
Sortie France : août 2019

Cet article a été conçu et rédigé par Yassi Nasseri, fondatrice de Kimamori.

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